trange équation : une récolte très faible, une qualité au top, et pourtant une forte probabilité qu’il reste des beaujolais nouveaux sur le carreau. « On estime les rendements à 32 hl/ha en beaujolais et 28 hl/ha en beaujolais villages, indique David Ratignier, vice-président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de ces deux appellations. Des domaines ont produit moins de 15 hl/ha, d’autres 40 à 45 hl/ha. Au final, on est en capacité de produire 120 000 hl de primeurs. Mais il n’y a pas le marché en face. »
Tous les opérateurs s’accordent à dire qu’il devrait se vendre moins que les 105 000 hl écoulés en 2024. « Le marché des beaujolais nouveaux décline chaque année, rappelle Sebastien Kargul, vice-président de l’interprofession pour le collège négoce. Pour l’instant on observe une érosion classique sur la grande distribution française. Cela risque d’être plus marqué sur le grand export. Certains importateurs se retirent au Japon du fait de l’évolution des modes de consommation – on y boit plus de blancs par exemple, et aux Etats-Unis à cause des taxes. Il est cependant trop tôt pour évaluer la baisse car les marchés ne sont pas tous faits. »
10 % d’érosion
Au 13 octobre, « les enlèvements à la propriété se terminent mais il y aura encore des commandes tardives et des réassorts de cave, complète le courtier Olivier Richard, qui estime l’érosion du marché autour de 10 %. Les acheteurs de la grande distribution qui n’ont pas fait de foires aux vins florissantes sont restés timides. Et nos clients négociants ont des difficultés sur le grand export. » Le vigneron David Ratignier est plus optimiste sur ce dernier point, notamment au Japon.
Sur le circuit traditionnel, « je vois plutôt de la stabilité, qui arrive malheureusement après des années de baisse », indique Sébastien Kargul, qui observe ces marchés de sa lorgnette de directeur des châteaux de Corcelles et des Tours, propriétés de la famille Richard. « Depuis plusieurs années, les opérateurs du beaujolais nouveau ont évolué : ils proposent des pépites que les cavistes et certains restaurateurs apprécient car ce sont des nouveautés à découvrir, qui donnent un avant-goût du millésime. On peut s’appuyer sur leur appétence pour faire rayonner nos vins. »


Le vigneron David Ratignier a aussi « de bons retours sur les animations proposées dans le vignoble : les gens veulent venir nous voir et goûter nos vins, on va capitaliser là-dessus ! D’autant que la qualité est très belle. » Le courtier Olivier Richard ne dit pas mieux : « c’est un très très beau millésime qui devrait être apprécié, avec des vins assez sombres, colorés, et du fruit, de la souplesse, de la rondeur… »
Dans ce contexte tendu, le négoce demandait une détente sur les cours pour relancer les marchées. Finalement la tendance est à la reconduction des cours de l’an passé : autour de 295 €/hl en beaujolais villages et 280 €/hl en beaujolais. « Tout le monde joue le jeu, et le négoce particulièrement car les primeurs représentent un gros pan de son activité, et permettent de mettre en lumière notre région, souligne Sébastien Kargul. L’objectif est de promouvoir l’ensemble des vins du beaujolais. Sur les primeurs, il y a donc une sorte d’unité essentielle pour l’intérêt supérieur de la région ! »