i de la prudence. Dans le vignoble bordelais le millésime « 2025 s’annonce remarquable, globalement très structuré, avec une acidité modérée et un potentiel tannique parmi les plus élevés de ces dernières décennies » résume le consultant David Pernet (Sovivins Conseils) dans sa note de référence sur le millésime intitulée « le retour d’un "big five" ! ». Comme le buffle, l’éléphant, le léopard, le lion et le rhinocéros sont les cinq animaux incontournables d’un safari africain, les millésimes en cinq sont immanquables pour un amateur de vin. Et impossible à rater pour un vigneron ? « Après le chemin de croix de 2024 [NDLR : dont la pluviométrie était un défi quasi-continu], 2025 pourrait faire office de sinécure » reconnaît David Pernet, pour qui « mise à part l’inquiétude liée aux faibles rendements potentiels, du fait de la faible fertilité des bourgeons hérités de 2024, toutes les étapes du millésime se sont déroulées dans d’excellentes conditions pour aboutir à un niveau de qualité remarquable ».
Filant la métaphore du big five, David Pernet estime que « dans les vins rouges 2025, la puissance tout en souplesse du léopard devrait prendre le pas sur la force rustique du buffle. Mais il faut rester vigilant et attentif au parcours hydrique subi par les vignes. Sur les parcelles peu soumises aux contraintes hydriques, le risque de la rusticité est réel cette année, particulièrement en cas de vendanges trop précoces. »
En l’état, « le profil des raisins suscite un très fort enthousiasme et des attentes qualitatives à la hauteur des plus beaux millésimes en cinq », sachant que « l’équilibre entre éclat aromatique et gestion de la puissance tannique est prépondérant pour déterminer le profil de ce "big five", et représente un réel enjeu pour la réussite de ce grand millésime ». Concernant les vins blancs, « ils sont très riches et conservent de très beaux équilibres malgré les conditions très chaudes d’août. Leur pH n’a pas été impacté à la hausse par les précipitations tardives et leur principale faiblesse sera leur rareté ».
Source de déception sur les quais de réception de vendanges, les rendements ne sont en effet pas au rendez-vous. Pourtant dans la saison 2025, « la très bonne floraison/nouaison a partiellement compensé la faible fertilité des rameaux [en raison du printemps 2014 calamiteux], mais, sur les sols séchants (sols de graves principalement), la taille des baies historiquement faible conduit à des rendements potentiels très bas » analyse David Pernet.


Autre point remarquable : 2025 est « le millésime est le plus précoce depuis au moins 1989 ». L’ingénieur agronome note l’hétérogénéité de cette avance des maturité, étant « très variable selon la dynamique hydrique des vignes et donc la nature des sols ». Ainsi « des cabernet-sauvignon sur sols séchant présentent une maturité plus précoce que certains merlot voisins sur sol plus frais ».