n entendant actuellement les propositions de jeunes pour dynamiser, voire dynamiter, les us et coutumes du vin bordelais, le négociant Lionel Lateyron ne cache pas son assentiment pour un changement de génération dans le pilotage de la filière. Mettant les pieds dans le plat, il lance que dans les instances de la filière, « on est tous vieux, on n’a pas fait que des choses bien. Au niveau collectif, la filière vin n'a pas assez bien œuvré : aux jeunes prendre la relève et de proposer un avenir ! » Soulignant que dans toutes les entreprises les dirigeants sont comptables de leurs résultats, le négociant pointe que « les résultats de notre gestion ne sont pas bons. Je ne vais pas désigner des personnes, je fais partie des instances depuis des années, mais le résultat de notre travail collectif n’a pas œuvré dans le sens de l’intérêt général. On n’a pas fait les bons choix. Quand on a la culture du résultat, on ne peut se contenter de voir la situation se dégrader. Je suis comme tous les élus de la filière, coresponsable de la situation. »


Reconnaissant que les vins de Bordeaux n’ont pas été aidé par l’économie, le climat ou la géopolitique, Lionel Lateyron n’y voit qu’une partie des raisons expliquant la crise : « certes il y a eu le Brexit, la Chine, les États-Unis… Mais d’autres AOC s’en sortent bien. Il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas de Bordeaux. » Alors que le paysage viticole girondin change à grande vitesse, les arrachages n’épargnant aucun terroir, cette vision de fin de cycle attriste Lionel Lateyron : « tout le monde souffre. Chacun attend le moment du sursaut, mais on ne se paie plus, on ne voit que des bas prix qui sponsorisent les MDD de la grande distribution, on n’a plus d’accès au marché américain à cause de l'instabilité du president Trump et des taxes ... On n’est pas aidés, mais il y a de nouveaux marchés où nos concurrents marchent bien. Il faut faire comme les anciens, qui sont partis avec leur baluchon vers des destinations lointaines pour promouvoir les vins de Bordeaux. »
Appel à la mobilisation
Appelant les jeunes à prendre la place dans la gouvernance de la filière, Lionel Lateyron reconnait qu’il y a un problème : « pourquoi est-ce que je suis encore là , à plus de 60 ans ? Si vous demandez à des jeunes de se présenter, ils ne le font pas car la filière est difficile, mal payée et qu’ils n’ont pas de temps pour le collectif alors qu’ils doivent gérer leurs entreprises. » Malgré ces freins, le négociant note que de nouvelles têtes bien faites s’impliquent progressivement dans la filière et vont bouger les lignes… Avant de secouer les vignes ?