près avoir l’an passé rentré la plus petite récolte qu’ils n’aient jamais connue, avec un rendement moyen de 18,5 hectolitres par hectare illustrant l’épuisement du vignoble après trois années de sécheresse, les vignerons des Pyrénées-Orientales ont un meilleur moral. A mi-parcours de vendanges démarrées précocement à la mi-août, « beaucoup ont le sourire, confirme Laurent Duret, consultant sur le département pour l’Institut coopératif du vin (ICV). Ils sont remotivés par les volumes enfin retrouvés et la perspective de faire de bons produits. »
La climatologie du millésime a été beaucoup plus profitable à la vigne. « Elle pousse encore ce début septembre, même dans la garrigue », témoigne Laurent Duret, ravi, même s’ils restent en deçà des normales, des 534 mm tombés dans l’année. « C’est plus du double des cumuls de 2023 et 2022, avec des pluies bien mieux réparties qui ont laissé place aux bons moments à un temps sec. » Bien sûr, tout n’a pas été parfait. L’humidité du printemps a entrainé des pertes liées au mildiou, « notamment sur le littoral où la maladie est arrivée plus tôt que dans le secteurs de Maury et des Aspres. » Elle a aussi favorisé la concurrence herbacée, « en particulier chez les bios, qui avaient à peine fini de travailler le sol sur une partie de l’exploitation qu’ils devaient repartir à l’autre bout. » Début août, la vigne a ensuite souffert de trois jours de canicule à 42°C. « Les vignes vigoureuses s’en sont bien tirées avec seulement quelques brûlures du côté des rangs exposés soleil couchant mais des cépages comme le muscat à petits grains et la syrah se sont vite déshydratés », relate Laurent Duret. « Cet épisode a tout de même bien entamé le super potentiel de récolte que nous avions jusqu’au 10 août, regrette quant à lui Numa Carrafa, conseiller viticole pour le Civam Bio. Sur les parcelles de blancs et rosés récoltées la semaine du 18 pour limiter la déshydratation des baies et la montée des degrés passés de 11% à 14% vol. alc., ni la quantité ni la qualité ne sont vraiment au rendez-vous. »


Heureusement, ces deux dernières semaines, trois passages orageux apportant à chaque fois 5 à 10 mm ont fait baisser les températures, redilué les baies, et relancé la maturation des cépages en attente comme le grenache ou le carignan. « Il n’y a plus de blocages et les polyphénols s’affinent tranquillement. L’affolement s’est dissipé », indique le conseiller. Le maintien d’un bon état sanitaire permet aux vignerons d’attendre la pleine maturité. « Comme toujours, il faut jouer avec quelques situations à risque, des vers de la grappe et Cryptoblabes sur quelques parcelles, un premier foyer encore à confirmer de cicadelle africaine, un passage de grêle très localisé entre Estagel et Maury la semaine dernière... reprend Laurent Duret. Tout peut vite basculer mais ceux qui ont bien géré les maladies, l’herbe, et irrigué quand il le fallait devraient voir leurs efforts récompensés. En tous cas j’y crois ! »