es millésimes précoces sont réputés être de qualité dans le beaujolais, et 2025 s’inscrit dans cette tendance. Les vendanges ont débuté le 23 août pour les chardonnay, le 25 pour les gamay des secteurs les plus précoces.
La canicule de la première quinzaine d’août avait entraîné une évolution rapide des raisins. « On a eu peur qu’il faille se précipiter pour ramasser du fait de l’accumulation de sucres dans les baies, mais le rafraîchissement qui a suivi a permis de retarder un peu le début des vendanges, retrace Bertrand Chatelet, œnologue à la SICAREX Beaujolais (institut de recherche viticole et œnologique). Depuis, elles restent fraîches et il y a suffisamment d’eau pour permettre une maturation lente des baies. Les raisins continuent de murir et l’acidité qui était très élevée au début revient dans la norme des millésimes classiques. Grâce au rafraîchissement de ces derniers jours, il y aura sûrement des expressions aromatiques intéressantes. Il y a eu des baies séchées et grillées, mais pas suffisamment pour impacter la qualité dans les cuves. Et malgré les pluies, les raisins restent sains, il n’y a pas de botrytis. Et il y a encore assez de périodes ensoleillées pour permettre aux vignerons de récolter sereinement en sélectionnant progressivement les parcelles adaptées aux vins qu’ils veulent produire. »
Les chardonnay se sont montrés légèrement plus précoces que les gamay mais les tendances sont identiques en rouge et en blanc. Seul le rendement fait parfois défaut. « Les grappes sont petites avec de petites baies car il y a eu pas mal de millerandage : c’est bon pour l’extraction, mais il y a moins de jus, reprend Bertrand Chatelet. Les fermentations devraient bien se dérouler car il n’y a pas trop de carences en azote, ni de trop hauts degrés alcooliques. Ce millésime est en tout cas très prometteur, plus intéressant que l’an dernier ! »
A Lachassagne, au sud du beaujolais, le domaine Jean-Pierre Rivière a commencé dès le 21 août à vendanger les parcelles dédiées au crémant de Bourgogne. Une semaine plus tard suivaient celles destinées au beaujolais blanc, puis les gamay le 31 août. Au premier septembre, plus de la moitié des dix-huit hectares étaient vendangés. « Nos rendements font le grand écart entre des parcelles à 35 hl dans les crus et d’autres à 85 hl pour les crémants, partage Jean-Pierre Rivière. L’essentiel de nos pertes de rendement sont dues à la coulure et au millerandage, notamment à cause des fortes pluies de début juin, et 20 % sont dues au mildiou. Mais chez certains collègues, le mildiou n’a pas pardonné : il y a des parcelles à 5 hl… » Sur l’ensemble du beaujolais incluant les crus, le rendement moyen attendu serait de « 40 hl/ha au mieux », indique le vigneron, qui est aussi président de l’ODG Beaujolais-Beaujolais Villages.
Cependant la qualité est prometteuse. « Les raisins sont très sains, personne ne se plaint de pourriture, reprend-il. Il y a par contre un peu de grillure sur les vignes exposées Sud et Sud Ouest. Dans les secteurs précoces, il y a eu les premiers pressurages destinés aux vins primeurs : les jus sont très aromatiques avec beaucoup de matière colorante. De notre côté, au domaine, on continue à laisser mûrir doucement en surveillant les maturités. »