i « le bon esprit nous découvre notre devoir » comme l’écrivait La Bruyère, le bon sens vigneron se découvre en parcourant les terroirs les plus divers et peut s’appuyer désormais sur le tour de France des Compagnons. Dévoilant cette rentrée 2025 leur convention de partenariats, les Vignerons Indépendants de France (syndicat de 7 000 caves particulières) et les Compagnons du Devoir et du Tour de France (association formant chaque année 11 000 jeunes de 17 à 26 ans en alternance et en mobilité) annoncent se mobiliser pour « l’excellence du métier, la promotion de l’artisanat et la transmission des savoir-faire » dans la filière vin.
Existant depuis 2013 au sein des métiers du goût, le compagnonnage vigneron doit se développer au-delà des 15 à 20 jeunes actuellement formés chaque année. « On rencontre des difficultés de recrutement [de candidats] comme dans toutes les filières » rapporte à Vitisphere Eugène Abraham, le responsable pour les Compagnons du Devoir des métiers du goût (pâtissier, charcutier…). Pour faire connaître ce parcours atypique de 5 à 6 ans dans les vignobles de France (dans les domaines et centres de formation via le réseau des maisons de Compagnons), les Vignerons Indépendants vont communiquer sur le compagnonnage auprès du grand public lors de leurs multiples salons.
Savoir-être et savoir-faire
« Notre public est constitué de parents dont les enfants se cherchent professionnellement ou de jeunes qui s’interrogent sur leur futur » pointe Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, qui souligne la force et les spécificités de la formation des Compagnons : « le voyage, la solidarité, la vie en communauté… Ce n’est pas une formation comme les autres, il y a des engagements moraux, sociétaire, humanitaires… Les domaines n’accueillent pas que des jeunes pour les faire travailler, mais pour transmettre oralement un savoir empirique. La volonté des vignerons est de former à l’ensemble des savoir-faire pour s’accomplir dans le métier et s’approprier l’ensemble du métier du vigneron. De la production au commerce, c’est du multitâche, avec une ouverture d’esprit par la formation et le voyage dans différentes régions. » Le tout dans un cadre de vignerons indépendants revendiquant une approche artisanale de « cousu main ».
Proposant « un parcours complet » dans plusieurs vignobles, la formation itinérante assure la polyvalence et la maîtrise des compagnons vignerons pointe Eugène Abraham. La validation des compétences des diplômés se faisant au long de leur tour de France et par l’accomplissement d’un chef d’œuvre : la réception d’un projet, comme la plantation d’une parcelle ou un travail sur les maladies viticoles. Sachant qu’une fois le tour de France achevé, « on est compagnons toute la vie, on accompagne les jeunes en leur transmettant nos connaissances » résume Eugène Abraham. « Le vécu des plus anciens et la formations des plus jeunes apportent une compréhension et une ouverture aux nouvelles technologies qui rendront le métier plus performant » estime Jean-Marie Fabre, indiquant qu’« on ne perd pas de vue que les centaines de jeunes formés arriveront avec des savoirs et des compétences nécessaires à nos vignobles » Un cycle vertueux de transmission et de recrutement qui répond aux besoins de renouvellement des générations dans le vignoble. De quoi bientôt devoir la vigne au compagnonnage ?