Sous la fournaise. Depuis bientôt une semaine, le vignoble du Gers, comme une grande partie de la France, affronte une période de canicule exceptionnelle. « Depuis le 7 août, les températures en journée sont au-dessus de 35°. Lundi 11 août, le thermomètre a même affiché 40°- 42°, en fonction des zones du vignoble. Les nuits sont à 20° en moyenne », détaille Alain Desprats, directeur de la filière IGP Côtes de Gascogne (environ 13 000 ha rassemblant 850 opérateurs), le 13 août. « Les prévisions annoncent que cela devrait continuer jusqu'en milieu de semaine prochaine. Pour notre vignoble, c'est exceptionnel tant dans la durée qu'au niveau des températures. »
Dans ce contexte, il est difficile de faire des prévisions de production. « Avant le 7 août et le début des chaleurs, on se dirigeait vers une récolte normale, soit environ 80-85 hecto/ha en moyenne pour les Côtes de Gascogne blancs, la partie la plus importante de notre production », expose Alain Desprats. A l'échelle du département, les rendements s'annonçaient, le 12 août, dans la moyenne, confirme Amélie Despax, conseillère viticole à la chambre d'agriculture du Gers. « Mais tout dépendra de l'évolution des conditions d'ici la récolte, prévient-elle. La météo joue un rôle décisif, le manque d'eau impacte le feuillage et l'échaudage peut réduire considérablement le potentiel de production. »
Jusqu'à début août la campagne a été bien gérée, malgré un printemps humide. « Le débourrement a eu lieu avec un peu d'avance, début avril », se remémore Alain Desprats. Puis, le printemps a été très pluvieux. « Jusqu'au 10 juin, la pluie a été régulière. La pression du mildiou et de l'oïdium a donc été importante », souligne-t-il. Et Amélie Despax de poursuivre : « Les viticulteurs qui ont su bien gérer les cadences d'intervention et les épisodes orageux s'en sortent plutôt bien, avec peu ou pas de mildiou sur grappe. La pression était bien présente, mais les deux derniers millésimes ont laissé des traces, les opérateurs sont restés vigilants et ont su protéger rigoureusement leurs vignes ».
Depuis mi-juin, la campagne a pris une autre tournure. « Il ne pleut quasiment plus. En deux mois, il est tombé entre 50 et 70 mm d'eau, en fonction des zones », signale, ce mardi 12 août, Alain Desprats. Avant les fortes chaleurs de ce mois d'août, le vignoble a connu une première période de canicule entre le 18 et le 21 juin. « La température moyenne a été de 25°, avec des journées à 35-36° et des nuits à 17° », détaille le directeur du syndicat des vins des Côtes de Gascogne.
Au nord du Gers, à Berrac, le vigneron indépendant Séraphin Corne reste tout de même confiant. « On sort de quatre années compliquées. On aborde ces vendanges plus sereinement car on n'a pas de pression maladie, alors qu'à cette époque, les années précédentes, on avait encore de la pluie », explique le vigneron du domaine Le Rosier d'Angélique (IGP Côtes de Gascogne et AOP Haut-Armagnac, 12 ha conduits en agriculture raisonnée). Le vigneron précise, par ailleurs, que cette année, il a adopté une technique lui permettant de protéger ses raisins de la chaleur. « En 2023, on s'est fait avoir par les fortes températures de fin août. Alors cette année, voyant que l'été était sec, j'ai laissé la masse végétative se développer. Ainsi, elle protège les raisins pour qu'ils ne brûlent pas », décrit Séraphin Corne. Et d'ajouter : « Les chaleurs ont ralenti le cycle. Mais je pense qu'à terme, on va quand même arriver à la maturité que l'on souhaite ».
Les premières récoltes pourraient commencer le 18 août, estime Amélie Despax « notamment pour les raisins destinés aux bases mousses, aux vins bas degrés et aux rosés ».