’il avait bien constaté depuis des mois des décalages dans ses stocks mensuels de bouteilles qui l’interpellaient, Jean-François Vallat n’a plus eu de doutes lorsque ces décalages se sont fortement accentués en juin et juillet dernier. Et qu’une source extérieure vienne confirmer ses soupçons grandissants. « Les stocks mensuels ne tombent jamais nickel, et c’est normal avec les échantillons, les casses, mais ce sont de petits écarts. Qui se sont ensuite sévèrement accentués avant l’été. Puis un restaurateur que nous connaissons nous a appelé pour nous indiquer qu’un individu tournait dans les établissements pour proposer nos vins à moins de moitié prix », déroule le propriétaire du domaine Vallat, établi à Montpeyroux, dans l’Hérault.
Téméraire, Jean-François Vallat veut savoir à qui il a affaire et prend contact avec ce pseudo commercial, en se faisant passer pour un propriétaire de camping intéressé par cette opportunité de vins haut de gamme à prix cassés. Rendez-vous est fixé avec l’individu dans une maison près de Clermont-l’Hérault, à une dizaine de kilomètres du domaine. « Confiant, l’homme nous indique pouvoir avoir autant de vins que nous voulions, sans factures bien sûr, puis nous ouvre la porte du garage et là, nous découvrons une cinquantaine de cartons estampillés Vallat avec nos vins », poursuit Jean-François Vallat, qui décline alors sa réelle identité. L’homme explique ne pas être impliqué dans le vol et avoir lui-même acheté ses vins. La gendarmerie est prévenue dans la foulée et une plainte est déposée le 24 juillet. Jean-François Vallat détaille alors les éléments de suspicion envers un salarié embauché en août 2024 et qui assure la préparation de commandes et la livraison quotidienne des clients.
« Il y avait une concordance avec le début des petits écarts de stocks constatés et nous ne voyions pas par quel autre moyen autant de vins avaient pu sortir les derniers mois. Notre erreur a été de laisser ce salarié travailler en autonomie et en confiance sans suffisamment de contrôle. Il a pu ajouter des cartons lors de chaque tournée, qu'il ne livrait pas et gardait pour lui et son circuit parallèle », enchaîne le propriétaire, qui indique également avoir changé ce mode de fonctionnement depuis l'affaire. Une perquisition du domicile du salarié est rapidement menée et là Jean-François Vallat tombe des nues en découvrant que 254 cartons de ses vins, près de deux palettes et demies, sont retrouvés chez le chauffeur, immédiatement mis à pied par le vigneron. « C’est plus de 14 000 € de vins qui ont été retrouvés, mais en comparant les différences de stocks depuis le début, ce serait plus de 50 000 € de vins dérobés », peste le vigneron de Montpeyroux. L’enquête ouverte devra déterminer l’ampleur du préjudice du vigneron et les responsabilités. Le procès est prévu au mois d’octobre.



