’équipe MOTIVE (pour MOdèles Texture Images VolumEs) du laboratoire IMS Bordeaux (Intégration du Matériau au Système du CNRS) a développé un capteur de pousse connecté : le Vinelapse. L’UMT SEVEN (Unité Mixte Technologique Santé des écosystèmes viticoles économes en intrants) utilise ce capteur pour mesurer la dynamique de la pousse de la vigne dans l’objectif de mieux raisonner le renouvellement des produits de contact. Dans le cadre du programme Efficuivre soutenu par le Plan Mildiou du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) en a installé trois début mars : l’un à Villenave d’Ornon, l’autre à Blanquefort et le troisième dans le vignoble de Cognac afin d’éprouver leur fonctionnement et leur fiabilité et d’en faire la preuve de concept.
« Du débourrement jusqu’à la chute des feuilles, chaque nuit, le capteur photographie le cep situé en face de lui. L’objectif de l’appareil s’ouvre à 2 h du matin et envoie un gros flash sur la vigne. Il prend une photo couleur et une photo infrarouge. Les images nous remontent sur un serveur grâce à la 4 G. Grâce à ces images, on peut calculer l’indice NDVI (indice de végétation par différence normalisée), l’indice de surface foliaire et estimer l’âge des feuilles. L’idée est d’établir un indice de pousse journalier et d’utiliser cet indicateur pour mieux raisonner le renouvellement des traitements à base de cuivre utilisés contre le mildiou. L’outil pourrait être utilisé directement par les vignerons. Mais il pourrait également être déployé pour alimenter les Bulletins de Santé du Végétal (BSV) via une interface de visualisation en ligne (projet Ecophyto Valorise), aujourd’hui ceux-ci n’indiquent que les stades phénologiques observés d’une semaine à l’autre. Avec les capteurs de pousse, les données sur la vitesse de pousse seraient donc beaucoup plus précises », détaille Léo Gallot, étudiant à Bordeaux Sciences Agro et alternant à l’IFV qui a présenté l’outil le 17 juillet lors de la soirée "Guinguette fluo" organisée par le Vinopôle au château Dillon (propriété du lycée viticole à Blanquefort). En découvrant les images de la pousse grâce à une vidéo, les techniciens et vignerons présents « ont confirmé que l’outil était intéressant et qu’il avait bien mis en évidence en début de saison la forte dynamique de pousse observée du 4 au 18 mai », rapporte Léo Gallot.
L’outil est donc prometteur mais reste encore en cours de développement. Les scientifiques souhaitent encore améliorer son autonomie avant de le rendre opérationnel. A la fin de l’année, les partenaires du projet envisagent de monter un projet collaboratif pour multiplier les capteurs et les analyses via différents partenariats. Affaire à suivre.