émoignant ce 13 juillet des difficultés économiques qui frappent la filière vin et de la nécessité de protéger ses acteurs en cessant l’activité avant que les sacrifices induits ne soient trop élevés, la vigneronne lyonnaisse Géraldine Dubois estimait avoir accompli un projet « unique en France. J’ai été seule et n’ai pas reçu de soutien de la métropole lyonnaise, des vignerons de l’appellation et des acheteurs ». Un ressenti qui a fait bondir les co-présidents de l’appellation Coteaux Lyonnais, Yann Fangeat et Lucie Riviere. Dans un droit de réponse envoyé 21 juillet (voir ci-dessous sa totalité), l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) déclare que « c’est toujours une tristesse de voir une aventure viticole s’arrêter. Nous respectons profondément son engagement et son parcours. Nous regrettons seulement que la fin de cette histoire se traduise par des propos qui, à nos yeux, ne reflètent pas l’état d’esprit d’entraide qui anime notre appellation. »
Et si « nous saluons le courage d’avoir mené, seule, un projet atypique et engagé au cœur de la ville de Lyon, dans un contexte économique particulièrement difficile », c’est « en tant que présidents de l’appellation Coteaux du Lyonnais, et au nom de l’ensemble des vigneronnes et vignerons qui la composent » qu’ils veulent préciser que « certaines affirmations publiées nous ont surpris et touchés, notamment sur le manque de soutien qu’elle aurait rencontré de la part des acteurs de l’appellation ». Pour le partage d’un ressenti solitaire de Géraldine Dubois à la fin de son activité, les co-présidents détaillent que « dès son installation, et au même titre que tout nouveau porteur de projets sur l’appellation, plusieurs membres de notre collectif se sont mobilisés pour l’accompagner de façon concrète et solidaire : un vigneron lui a cédé sa place au sein du conseil d’administration pour faciliter son intégration ; des confrères sont allés chercher et installer pour elle des cuves en inox ; elle a bénéficié à plusieurs reprises de prêts de matériel ; des vignerons ont pris le temps de lui expliquer le fonctionnement d’équipements agricoles essentiels (tracteur, pulvérisateur, etc.) ; elle a été accompagnée dans les démarches administratives liées à la reprise de ses parcelles ; lors de sa première année, un collègue a travaillé bénévolement son sol sur deux hectares ; ses vignes ont été traitées pour un tarif symbolique de 15 €/heure par un autre professionnel ; plusieurs vignerons l'ont également assistée logistiquement, en mettant à disposition leurs véhicules pour transporter matériel ou lies de vinification. »
Réponses au droit de réponse
Ne souhaitant pas polémiquer sur l’expression d’un regret passé, Géraldine Dubois répond point par point à Vitisphere : « je n'ai jamais fait partie du conseil d’administration. Non des confrères ne sont pas allés chercher pour moi des cuves en inox, mais oui en effet ils m'ont prêté une camionnette. Dans le cadre de la reprise de 5ha de vignes sur Orlienas, le vigneron cédant m'a proposé de racheter son matériel. Dans ce cadre, il m'a en effet expliqué le fonctionnement du tracteur. je n'ai finalement pas acheté ce matériel là mais mon propre matériel. Non, à aucun moment je n’ai été accompagnée dans les démarches administratives liées à la reprise de parcelles. Oui, lors de ma première année il y a eu un débutage bénévole de mes vignes en effet (un passage, une année). Le prix de 15 €/heure concernait une prestation, dont le prix avait été fixé par le prestataire. Non, à aucun moment des vignerons ne m'ont assistée logistiquement. »
Ayant stoppé son activité à cause des difficultés économiques, Géraldine Dubois voit comme un détail sa sensation de solitude dans l’appellation où « en revanche, je n'ai pas été accueillie. Lors de ma participation à ma première assemblée générale, je n'ai pas été invitée à me présenter, et personne autour de la table ne s'est présenté non plus. A la fin de la réunion, je n'ai pas eu d'échange avec les autres vignerons. J'ai subi des actes malveillants sur les vignes d'Orlienas avec notamment du palissage fraîchement remplacé dont les fils ont été coupés pendant la nuit. J'ai été sévèrement réprimandée par téléphone par un vigneron, car j'avais osé prospecter un de ses clients lyonnais. Lors de mes demandes d'aide (notamment un blocage de tracteur dans les vignes) personne ne m'a jamais répondu. » Des éléments auxquels les présidents des Coteaux Lyonnais ne souhaitent pas répondre.


Pour l’ODG, « les Coteaux du Lyonnais forment une petite appellation, certes discrète, mais soudée, dynamique, et résolument tournée vers l’avenir. C’est dans cet esprit que nous continuerons à accueillir et soutenir ceux qui, comme Madame Dubois, souhaitent faire vivre le vignoble du Lyonnais. »
Le texte intégral du droit de réponse de l’ODG
« Droit de réponse des Présidents de l'appellation Coteaux du Lyonnais
Bonjour,
En tant que présidents de l’appellation Coteaux du Lyonnais, et au nom de l’ensemble des vigneronnes et vignerons qui la composent, nous souhaitons réagir aux propos récemment tenus dans Vitisphère.
Nous avons lu avec attention le témoignage de Madame Géraldine Dubois, dont nous saluons le courage d’avoir mené, seule, un projet atypique et engagé au cœur de la ville de Lyon, dans un contexte économique particulièrement difficile.
Toutefois, certaines affirmations publiées nous ont surpris et touchés, notamment sur le manque de soutien qu’elle aurait rencontré de la part des acteurs de l’appellation. Nous tenons à rappeler que, dès son installation, et au même titre que tout nouveau porteur de projets sur l’appellation, plusieurs membres de notre collectif se sont mobilisés pour l’accompagner de façon concrète et solidaire :
· Un vigneron lui a cédé sa place au sein du conseil d’administration pour faciliter son intégration.
· Des confrères sont allés chercher et installer pour elle des cuves en inox.
· Elle a bénéficié à plusieurs reprises de prêts de matériel.
· Des vignerons ont pris le temps de lui expliquer le fonctionnement d’équipements agricoles essentiels (tracteur, pulvérisateur, etc.).
· Elle a été accompagnée dans les démarches administratives liées à la reprise de ses parcelles.
· Lors de sa première année, un collègue a travaillé bénévolement son sol sur deux hectares.
· Ses vignes ont été traitées pour un tarif symbolique de 15€/heure par un autre professionnel.
· Plusieurs vignerons l'ont également assistée logistiquement, en mettant à disposition leurs véhicules pour transporter matériel ou lies de vinification.
Nous avons toujours eu à cœur d’accueillir et d’accompagner les nouveaux porteurs de projets avec bienveillance, quels que soient leurs parcours ou leurs projets. Comme c’est le cas pour d’autres installations récentes (citons le Domaine de T et Charline Bellanger), qui bénéficient, eux aussi, du soutien collectif et des relais techniques disponibles dans notre réseau.
C’est toujours une tristesse de voir une aventure viticole s’arrêter. Nous respectons profondément son engagement et son parcours. Nous regrettons seulement que la fin de cette histoire se traduise par des propos qui, à nos yeux, ne reflètent pas l’état d’esprit d’entraide qui anime notre appellation.
Les Coteaux du Lyonnais forment une petite appellation, certes discrète, mais soudée, dynamique, et résolument tournée vers l’avenir. C’est dans cet esprit que nous continuerons à accueillir et soutenir ceux qui, comme Madame Dubois, souhaitent faire vivre le vignoble du Lyonnais.
Les Présidents de l’appellation Coteaux du Lyonnais »