e regrouper pour financer une clôture permanente ? Neuf viticulteurs de l’Hérault ont franchi le pas, lassés de voir leurs vignes saccagées. En 2021, ils ont regroupé quinze de leurs parcelles, situées sur la commune de Puéchabon, en un îlot de 20 ha. Xavier Bouisson, adhérent à la cave coopérative CastelBarry, à Montpeyroux, et propriétaire de 19 ha à Saint-Jean-de-Fos, a porté le projet.
« Nos parcelles se touchent, c’est un secteur entièrement privé, avec des chemins de service », explique-t-il. Avant que le projet ne voie le jour, chacun protégeait ses vignes avec des clôtures électriques. « Il y en avait une quinzaine sur cinq kilomètres, précise Xavier Bouisson. Mais ce système a ses limites : il faut beaucoup d’entretien et de surveillance. Nous avions malgré tout des dégâts. Les sangliers passaient à travers et mangeaient les baies. »
Pis : au printemps 2020, ces animaux ont attaqué 60 ares de jeunes vignes appartenant à Xavier Bouisson, alors que la clôture électrique n’était pas encore installée. « Ils ont dévoré des bourgeons et cassé des sarments en tirant dessus, se désole-t-il. J’ai perdu la moitié de la récolte et des souches n’ont pas produit les années suivantes. »
Après cette attaque, la décision de s’organiser collectivement s’impose. Xavier Bouisson prend le dossier en mains. Il établit le tracé du futur îlot, dessine l’emplacement de la clôture et demande des devis à trois entreprises. Lors d’une réunion, les viticulteurs retiennent la moins chère des trois que plusieurs d’entre eux connaissent déjà pour son sérieux. Ils s’organisent pour préparer le chantier, aplanir les terrains et débroussailler les abords des parcelles.
Le prestataire n’a plus qu’à poser la clôture : un grillage de type Cyclone d’un mètre de haut qui s’étend sur une longueur totale de deux kilomètres. Pour que les sangliers ne puissent pas passer en dessous, il creuse une tranchée et enfouit une partie de grillage dans le sol. Pour desservir les vignes, il installe sept portails. Montant total de l’opération : 20 800 € HT, matériel compris. Chaque vigneron a payé sa part proportionnellement à la surface clôturée.
« Nous avons aussi établi des règles de fonctionnement, précise Xavier Bouisson. Chacun doit entretenir les abords de la clôture le long de sa parcelle, vérifier qu’il n’y a pas de casse et refermer systématiquement les portails. »
La vigilance reste de mise. Des promeneurs empruntent les chemins de service et oublient parfois de refermer les portails. « L’an dernier, les sangliers ont ainsi réussi à pénétrer sur l’une de mes parcelles de cinsault et ont croqué quelques grappes. J’ai donc remis une clôture électrique à cet endroit pour limiter la casse. » Et, le grillage peut s’abîmer au fil du temps. « Il faut surveiller régulièrement son état », souligne le viticulteur.
Grâce à cette organisation, la sérénité est revenue. « On est désormais beaucoup plus tranquilles », affirme Xavier Bouisson. Le fruit, aussi, de la bonne entente entre les vignerons.
Pour financer cette installation, les vignerons ont bénéficié de 5 000 € de la Fédération départementale de la chasse de l’Hérault. Cette somme a couvert la moitié du coût du matériel (grillage, piquets, grippes de fixation…). Pour l’obtenir, les viticulteurs ont dû monter un solide dossier : plan cadastral des parcelles concernées, tracé de l’îlot, emplacement de la clôture, des portails, devis du prestataire… C’est à ce prix qu’ils ont convaincu les chasseurs.