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Les vignerons en première ligne aussi sur l’éco-anxiété
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Les vignerons en première ligne aussi sur l’éco-anxiété

Un rapport de l’ADEME sur l’éco-anxiété des Français, publié au printemps 2025, montre que les agriculteurs sont les plus concernés. Dans le vignoble, le sujet reste peu abordé ouvertement, mais semble aussi très courant.
Par Julie Reux Le 29 juillet 2025
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Les vignerons en première ligne aussi sur l’éco-anxiété
« Ce qui a permis de soulager mon anxiété, c’est de mettre en accord avec mes convictions » témoigne Jérôme Mader. - crédit photo : DR
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our Jérôme Mader, vigneron alsacien à Hunawihr « ça a commencé en 2018. Un peu après la naissance de notre deuxième enfant, un matin, au petit-déjeuner, je me suis mis à pleurer en pensant au monde en ruines qu’on allait lui laisser. » Aujourd’hui, il va beaucoup mieux, et il témoigne ouvertement sur son éco-anxiété dans la presse régionale. « C’est moins l’avenir de notre exploitation qui m’inquiète que le sort de l’humanité. J’ai fait sans doute une petite dépression… Mais je n’ai pas de diagnostic précis, j’avais autre chose à faire… »

Le nouveau rapport de l’ADEME a mesuré que 15 % des Français sont aujourd’hui moyennement éco-anxieux, 10 % fortement ou très fortement éco-anxieux, et 1% présenteraient des risques psycho-pathologiques procédant de cette éco-anxiété.

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« Aucune catégorie sociodémographique n’est épargnée par l’éco-anxiété », dit le rapport. Mais certains groupes sont plus concernés que d’autres : les femmes plus que les hommes, les diplômés, les habitants de grandes agglomérations, les personnes sensibles aux questions environnementales… Mais le groupe "le plus éco-anxieux" de tous est celui des agriculteurs. Un résultat à prendre comme un simple indice, car l’échantillon est trop petit pour en tirer une analyse globale. « Mais ça reste un sujet explosif », souligne Pierre-Eric Sutter, rapporteur de l’étude, convaincu que le sujet mériterait d’être creusé pour ces professions en "première ligne" face au dérèglement climatique.  

Les symptômes à surveiller : ne pas dormir la nuit et s’isoler

En attendant, comment reconnaître l’éco-anxiété ?  L’éco-anxiété est définie par les chercheurs comme une détresse psychologique (mal-être) découlant des inquiétudes face à la crise environnementale. « C’est normal d’être inquiet face à un problème grave ou qui nous tient à cœur, explique le chercheur. Mais il peut y avoir un glissement, on bascule d’une peur avec objet à une peur sans objet. On a peur de la peur. C’est une anxiété d’anticipation. C’est avoir peur pour ses enfants qui ne pourront pas vivre dans un monde sans eau, par exemple. Ce genre de propos indique que la personne bascule… »

Les symptômes à surveiller selon le chercheur : « Ne pas dormir la nuit et s’isoler. C’est un signe que ça devient chronique. » Et les signes avant-coureurs : « Quand on voit un éco-anxieux se focaliser sur un sujet. La fonte de la banquise, par exemple. Il n’y peut rien à titre individuel, mais il va vouloir agir.»

Cette anxiété a des vertus, « elle confère aux personnes une vision plus clairvoyante, ils deviennent experts, et sont extrêmement motivés pour bouger. Ce sont les éco-ambassadeurs de la transition. » Mais l’éco-anxiété peut aussi déclencher une dépression, explique Pierre-Eric Sutter. « Donc l’invisibiliser, ça a des conséquences, et c’est à surveiller comme le lait sur le feu. »

Le déni, la tristesse, la colère… et l’action

A Cornas, la vigneronne Laure Colombo (domaine de Lorient) a « appris à vivre avec cette éco-anxiété » depuis au moins 15 ans. Avec le recul, elle explique avoir traversé plusieurs phases, « un peu comme un deuil ». Le déni, « qui n’a pas duré très longtemps », puis la tristesse, « un sentiment d’impuissance, un pessimisme ». « Quand j’ai eu mes enfants, je disais que j’étais climato-dépressive. Pour moi, on allait droit dans le mur.»

Puis Laure Colombo est passée à « la colère ». « Contre tout le monde. Ça donne envie de changer les choses. » Est née de cette énergie une commission viti-écologie à Cornas. Mais aussi un changement de pratiques dans ses vignes, pour améliorer la robustesse de son système. « L’éco-anxiété s’est transformée en moteur. »

Même son de cloche en Alsace chez Jérôme Mader. « Ce qui a permis de soulager mon anxiété, c’est de me mettre en accord avec mes convictions. » Isolation de la cave, panneaux photovoltaïques, fin des piquets en métal, bilan carbone, fin de l’avion et de la chaudière fioul… « Je suis très informé, sur ma table de chevet, il n’y a que des bouquins sur l’écologie. »

Après toute cette agitation, peut néanmoins survenir le « 2e coup de mou », comme l’explique Laure Colombo. « On a mis plein de choses en place, mais on a réalisé que faire un petit ilot ne suffisait pas. » La réponse lui est alors apparue : « Le collectif ». Elle s’est engagée à la Confédération Paysanne de l’Ardèche, majoritaire à la Chambre d’Agriculture. « Pour limiter l’éco-anxiété, la solution c’est aussi de s’extraire de l’échelle mondiale et de revenir à son territoire, où on a la possibilité d’agir. Ça fait du bien. »

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Olivier Metzinger Le 30 juillet 2025 à 18:24:37
Un exemple me vient à l'esprit, dans notre Entre 2 Mers territorial, les élus se sont demandés que faire des terres libérées par les vignes et comment nourrir le territoire avec plus de proximité. Nous avons donc été invité à une réunion de travail à Créon. En fin de réunion un parterre de scientifique (docteur, ingénieur, Inrae, CNRS, etc...) ont tour à tour pris la parole. Ce fut un Florilège d'affirmation qu'on ne peut pas qualifier d'erronées car elle existent, mais pour autant faire un bilan Mondial d'une situation ne la place pas comme réelle dans le territoire en question. On nous décrit comme un territoire en mono culture dans lequel il faudrait ré implanter des haies (nous ne sommes pas dans les plaines de la Beauce). Lutter contre la déforestation (???), etc, etc. Oui il y a une culture dominante de vigne, mais plus de 50 % des surfaces sont boisées (sans pression de déboisement), il suffit de se promener dans le territoire pour s'en rendre compte, les haies, bosquets sont partout, et tout était à l'avenant. Faire peur, dramatiser, globaliser c'est l'arme des populistes, l'étranger qui va vous apporter des problèmes, de l'insécurité, prendre vos richesses, on utilise les mêmes mécaniques, dans quel but je ne sais pas, mais c'est ce qui se passe. N'oublions jamais que la PEUR est l'arme des tyrans , sachons prendre du recul, analysons froidement la situation. Autre exemple, la surface de foret en France a doublé au cours des 150 dernières années, qui le dit, hormis les statistiques officielles que personne ne regarde. NON, matin midi et soir on nous alerte sur la déforestation, on nous fabrique du stress, en évoquant des situations qui ne concernent pas notre territoire. Alors oui, il faut peut être éviter d'importer certains produits qui contribuent à tout ces phénomènes délétères à l'autre bout du Monde, mais étrangement en tapant sur l'agriculture Française c'est plutôt l'inverse que l'on favorise.
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