l y a 20 ans, il été recommandé d’attendre 7 ans entre l’arrachage et la replantation d’une vigne pour éviter une recontamination rapide par le court-noué. Depuis 2011, les « diagnostics nématodes » commercialisés par la cellule de transfert Vitinnov permettent de réduire cette durée de repos du sol pour la faire varier de 6 ans à 1 an en fonction de la fréquence et de l’abondance de ces vecteurs de la maladie échantillonnés dans les parcelles. Ces préconisations sont-elles pertinentes ? Ancienne directrice de Vitinnov devenue ingénieure d’études pour Bordeaux Sciences Agro, Coralie Dewasme a pu le vérifier dans le cadre du projet Jasympt financé par le plan national de dépérissement du vignoble de 2020 à 2023. « Nous avons exploré la base de résultats de Vitinnov et recontacté les viticulteurs pour sélectionner 30 parcelles diagnostiquées au moment de l’arrachage comme ayant un potentiel infectieux faible, moyen, ou fort, et replantées après que les viticulteurs aient ou non respecté le temps de repos du sol préconisé », décrit l’ingénieure.


Cette sélection faite, les chercheurs sont retournés réaliser des prélèvements sur ces parcelles en 5ème ou 9ème feuille pour faire des tests ELISA et dépister X. index, le vecteur le plus présent. « Peu de parcelles au potentiel infectieux moyen ou fort ont été recontaminées ou très faiblement quand la durée de repos a été respectée alors que des parcelles sont déjà recontaminées à plus de 30% voire 40% là où les viticulteurs ont beaucoup raccourci le temps de repos. Les recontaminations et leur niveau est accentué quand les viticulteurs n’ont pas dévitalisé les ceps. A une exception près, les diagnostics fonctionnent, et nous n’avons pour l’instant pas vu d’intérêt à allonger les durées préconisées », rapporte Coralie Dewasme. Dans les parcelles au potentiel infectieux faible, les recontaminations ne dépassent pas 2% et ne constituent jamais des débuts de foyers d’au moins 3 pieds regroupés, « alors qu’ils sont déjà abondants dans les parcelles au potentiel infectieux forts dans lesquelles la préconisation de Vitinnov n’a pas été respectée. »
Pour aller plus loin, Coralie Dewasme aimerait désormais obtenir un financement pour poursuivre ce travail et étudier les pratiques entre arrachage et replantation comme l’implantation de couverts ou le travail du sol.