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Un investissement qui peut être rentabilisé en une année : les filets fleurissent dans les vignes pour lutter contre la grêle
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Aléas climatiques 
Un investissement qui peut être rentabilisé en une année : les filets fleurissent dans les vignes pour lutter contre la grêle

Des viticulteurs de plus en plus nombreux optent pour l’usage des filets. Outre l’effet pare-grêle, ces protections présentent d’autres avantages qui pèsent dans la balance.
Par Bérengère Lafeuille Le 18 juin 2025
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Un investissement qui peut être rentabilisé en une année : les filets fleurissent dans les vignes pour lutter contre la grêle
Katia Georgacaracos, à la tête du domaine de Lagajan, 45 ha à Eauze, en Côte de Gascogne, avec son frère Dimitri. - crédit photo : Domaine de Lagajan
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rois ans après avoir perdu 80 % de sa récolte juste avant de vendanger, le domaine de Lagajan, 45 ha à Eauze, en Côte de Gascogne, espère avoir trouvé une solution contre la grêle. « En avril, nous avons fait poser des filets sur quatre rangs, à titre expérimental, explique Katia Georgacaracos, à la tête du domaine avec son frère Dimitri. À plus de 10 000 €/ha, nous n’en mettrons pas partout. Mais si le test est convaincant, nous protégerons certaines parcelles bien valorisées. D’autant qu’il pourrait y avoir d’autres bénéfices que l’effet pare-grêle. »

C’est ce que Thibault Ponsolle, commercial Soufflet Vigne et fournisseur du domaine, espère démontrer. « En l’état, la pousse est plus homogène sous filet et plus haute de 20 cm car la vigne est moins stressée, indique-t-il. Le mildiou semble moins présent, peut-être parce qu’il y a moins de rosée. Je m’attendais par ailleurs à une baisse de la photosynthèse due à l’ombrage, mais je ne la mesure pas pour l’instant. »

Grêle, vent, et même soleil

Dominique Guillard, dans le Beaujolais, parle de ses filets mieux encore qu’un commercial. « J’ai posé les premiers il y a quatre ans après un orage dévastateur, et aujourd’hui, la moitié de mes 10 hectares sont protégés, témoigne le propriétaire du domaine de Fond-Vieille, à Oingt. En plus de l’effet pare-grêle, le filet évite la casse lors de gros coups de vent. En août, il protège des coups de soleil : je gagne environ 10 % en volume car les raisins ne grillent pas. Je réalise des économies sur l’assurance grêle, et aussi sur la main-d’œuvre car il n’y a plus de relevage. En prime, je suis moins stressé. »

Pour autant, tout n’est pas parfait. « Du côté négatif, il y a le temps de pose, mais on l’effectue en période creuse, souligne le vigneron. Le coût est élevé mais les filets sont garantis dix ans, et peuvent durer quinze ans d’après les producteurs de raisin de table. » Pendant deux ans, il a scindé une parcelle en deux afin d’y tester les effets du filet. « J’avais un peu moins de mildiou sous le filet, et je n’ai pas vu d’effet sur la maturation », rapporte-t-il. D’ailleurs, autour de lui, il constate que « les filets fleurissent partout ! »

C’est aussi le cas dans le nord de la Drôme. « En Crozes-Hermitage, il y a un couloir à grêle où 100 à 200 ha de vignes sont déjà couverts de filets, rapporte Sébastien Larnaud, technicien à la chambre d’agriculture. Même s’ils coûtent 7 000 à 15 000 €/ha, un vigneron qui fait 25 000 à 30 000 €/ha de chiffre d’affaires en coopérative et davantage en bouteilles fera vite le calcul. Certes, une perte de récolte peut être couverte par l’assurance, mais la clientèle perdue, elle, est dure à regagner. »

Pas d’impact sur les maladies

Pour sa part, Grégory Chardon se félicite tous les jours d’avoir misé dessus. En 2019, ce vigneron basé à La Roche-de-Glun a été le premier de l’appellation Crozes-Hermitage à installer des filets sur quatre rangs. « Cette année-là, un orage de grêle a tout pulvérisé sauf ces quatre rangs », se remémore-t-il. En 2025, l’ensemble de ses 13,5 ha est protégé. « Cela m’a coûté 6 000 à 7 000 €/ha sans la pose mais depuis, je suis plus serein, confie-t-il. En plus de la grêle, le filet protège du vent et du soleil. Le temps passé à la pose est compensé par le gain de temps sur le relevage, et je n’ai pas vu d’effet sur les maladies. »

À Arras-sur-Rhône, en Ardèche, Pascal Jamet et son fils Vincent ont prévu de poser des filets sur deux hectares en IGP Collines Rhodaniennes. « C’est d’abord pour protéger la vigne de la grêle, mais aussi pour pouvoir y faire pâturer des ovins et bovins pendant la période végétative, explique le père. Nous avons monté nos fils à 90 cm, et les filets offriront 1 m de protection supplémentaire contre le broutage. »

En Bourgogne, les filets restent rares. « Pour trois raisons, explique Benjamin Alban, directeur de Vinipôle Sud Bourgogne. Premièrement, le système Anelfa, pour lequel les vignerons cotisent 6 €/ha, couvre tout le vignoble. Deuxièmement, le coût des filets les rend peu rentables pour les appellations régionales. Enfin, dans les appellations à forte valeur ajoutée, c’est l’intégration paysagère qui pose problème. » Lui n’est cependant pas très convaincu par le dispositif Anelfa, dont « le rapport qualité-prix est [la] principale qualité ». Depuis peu, il constate l’apparition de filets d’ombrage. « Bien qu’ils présentent les mêmes coûts et inconvénients que les filets pare-grêle, les vignerons se montrent davantage prêts à investir pour protéger leur vendange de la canicule, observe-t-il. Et ces équipements protègent en même temps de la grêle, même si la maille est différente. »

 

L’iodure a la vie dure

Dans le Lot-et-Garonne, Patrick Franken, président de la chambre d’agriculture, se dit satisfait du dispositif Anelfa qui couvre le département depuis neuf ans avec cinquante-trois générateurs, pour un budget annuel de 100 000 €. « Les épisodes de grêle semblent moins ravageurs qu’avant, assure-t-il. De toute manière, la valorisation de nos appellations ne permet pas d’investir dans des filets. » Dans Bordelais aussi, la plupart des vignerons doivent se contenter du système Anelfa. En 2021, ceux de Saint-Émilion ont en outre adopté la technologie Selerys. En cas d’alerte, ils lâchent vers les nuages des ballons chargés de sels hygroscopiques. « Trente-neuf postes semi-automatiques couvrent les 7 500 ha de Saint-Émilion et ses satellites, indique Philippe Raymond, du conseil des vins de Saint-Émilion. Le dispositif est financé par des cotisations de 50 € à plus de 200 €/ha selon le classement et l’appellation. Il y a une vingtaine d’alertes par an, et on tire trente à quarante ballons à chaque fois. Depuis 2021, nous avons moins de dégâts : je pense que ce n’est pas que l’effet du hasard ! » La Savoie, elle, a abandonné Selerys en 2023. « Trop coûteux, et surtout trop contraignant », explique Alexis Martinod, directeur de l’interprofession. Certes moins chers que les postes semi-automatiques, ceux, manuels, qui étaient déployés exigeaient la présence d’un tireur bénévole à l’instant précis où passe le nuage orageux. « Cette année, nous installons le dispositif Anelfa, moins cher, plus simple, et qui couvrira une zone plus large, reprend-il. En même temps, sur les coteaux à forte valeur ajoutée, des vignerons posent aussi des filets. Nos stocks sont au plus bas. » Ceinture et bretelles, pour ceux qui manquent de vin.

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Tous les commentaires (1)
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Fredo Le 20 juin 2025 à 09:36:24
Bravo à M. Franken, président visionnaire de la Chambre d'Agriculture 47, qui continue à miser des sommes folles sur le système Anelfa, dont on a scientifiquement prouvé depuis 50 ans qu'il était sans aucun intérêt. Il devrait plutôt sonner les cloches des églises pour éloigner les orages, comme au Moyen-Age, ce serait aussi efficace et moins cher. Ces sommes auraient été beaucoup plus utiles si elles avaient été investies dans une assurance juste et simple, ou dans des filets à l'efficacité certaine.
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