Le premier avantage des pièges connectés est de fournir des données quotidiennes sur les tordeuses alors que ne pouvons aller dans les vignes qu’une à deux fois par semaine et que la plupart des vignerons ne relèvent les pièges classiques qu’une fois par semaine ». Responsable technique chez Phloème Conseil dans le Bordelais, Nathalie Poppe bénéficie depuis plusieurs années de l’accès aux relevés de deux pièges connectés Trapwiew appartenant à ses clients. Ces outils l’alertent sur l’émergence et le développement des vols eudémis en transmettant des photos des papillons capturés et en les dénombrant.
En Languedoc-Roussillon, le distributeur Magne possède ses propres pièges connectés : 10 Trapview et, depuis cette année, un X Trap d’XFarm en test. Ces outils constituent l’essentiel de son réseau de suivi de tordeuses. « On visualise facilement leurs données sur une plateforme web », apprécie Géraldine Clémente, responsable technique vigne.
Dans le Gers, Lucile Perès, conseillère viticole indépendante, s’y met. Pour la première fois cette année, elle teste Trapview « La pression des tordeuses est importante sur mon secteur, avec des générations tardives qui impactent les récoltes. Or le relevé des pièges classiques prend du temps » explique-t-elle. Après quelques semaines d’utilisation de son nouveau piège, Lucile Perès est ravie. « L’outil est très abouti : il identifie très bien les papillons ».
Nathalie Poppe est tout aussi catégorique : « je n’ai aucun doute sur la fiabilité de Trapview. La technologie a beaucoup progressé depuis sa création et les erreurs sont rares ».
Dans le Var, Claire Scappini, responsable technique Vigne chez Racine, utilise CapTrap de Cap 2020 depuis quatre ans. « J’en suis très satisfaite, tant sur eudémis, que sur cochylis ou cryptoblabes, dit-elle. Cette année, je teste également les pièges Trapview et XTrap de XFarm ; Trapview car on peut les utiliser avec un appât alimentaire, ce que je fais pour surveiller les vols notamment sur des secteurs sous confusion sexuelle, et XFarm pour apprécier son interface. »
Si Nathalie Poppe, Géraldine Clémente et Lucile Perès utilisent les pièges connectés en complément de dispositifs classiques, Claire Scappini a entièrement basculé dans l’ère numérique. « Je n’ai que des systèmes connectés, avec 10 appareils, car ils sont vraiment intéressants », justifie-t-elle. Au-delà de leur fiabilité dans la reconnaissance des tordeuses et de leur intérêt pour réduire les déplacements, ces pièges lui fournissent rapidement des données très utiles.
« Ils me permettent de bien détecter la première génération d’eudémis, de connaître le début et le pic des vols, ce qui me donne une meilleure visibilité pour rechercher les glomérules puis les pontes dans les vignes, commente-t-elle. A partir du pic des vols et du volume des captures on peut prévoir le début et l’importance des pontes. Et par la suite, l’apparition des larves. » Ces pièges dressent des courbes des captures quotidiennes et de leur cumul. « Avant nous faisions cela sur Excel. Maintenant, c’est automatique », apprécie encore Claire Scappini.
Selon l’abonnement choisi, Trapview fournit des prévisions sur le cycle tordeuses incluant des courbes d’éclosion des œufs et d’apparition des différents stades larvaires, en plus des courbes de vols. Lucile Perès bénéficie de ces prévisions. « Ca nous permet d’anticiper et de positionner au mieux les traitements selon que l’on vise les œufs ou les larves », détaille-t-elle.
Mais malgré tous leurs avantages, les pièges connectés ne sont pas encore utilisés de façon massive. La première raison pourrait être leur coût. « Trapview (à partir de 650 € NDLR) est trop cher pour nous, déclare Nathalie Poppe. Certes, il délivre des photos, des graphiques, des données, mais je ne suis pas persuadée que ce prix soit justifié ». Pour Lucile Perès, ce coût « est aussi un frein. Il faudrait mutualiser l’investissement entre vignerons voisins ».
Cap 2020 de Cap Trap est moins cher. « Nous les louons autour de 420 € l’unité sur 4 mois. Mais ce piège ne fait pas de modélisation », indique Claire Scappini.
S’ils permettent de réduire les déplacements, les pièges connectés nécessitent cependant des visites régulières pour changer leurs capsules de phéromones et/ou leur appât alimentaire. « Ces pièges fonctionnent avec des panneaux solaires, mais il leur faut aussi un réseau 4 G suffisant pour pouvoir envoyer des photos. Nous avons du parfois déplacer des Cap 2020 pour cette raison », note Claire Scappini. « De grosses averses peuvent endommager ces pièges », prévient Géraldine Clemente qui compte toutefois déployer davantage de pièges connectés, « si les relevés sont concluants, notamment avec X Trap que nous testons. La demande des clients pour la surveillance des tordeuses est grandissante ».
Trapview, un des premiers pièges connectés apparus en France, est leader du marché toutes cultures confondues, selon la firme qui l’a mis au point, Efos, qui travaille désormais avec Syngenta. Il permet de pièger soit avec des phéromones, soit avec un appât alimentaire (moût de pomme). Cap Trap est également présent depuis plusieurs années, tout comme Advansee (acquise par BRC) avec son E-Gleek, dont une nouvelle version est annoncée pour 2026. Ce piège est actuellement surtout expérimenté pour la cicadelle de la flavescence. X Farm et iScout de Metos sont apparus plus récemment sur le marché français.