uel impact du changement climatique sur les vers de la grappe ? D’abord un changement d’aire géographique. « La cochylis est inféodée aux zones tempérées et bonne nouvelle, avec le réchauffement, on voit une chute de sa répartition dans le vignoble. Mais à l’inverse, l’eudémis l’autre tordeuse qui, elle est majoritaire, s’étend de plus en plus (…) Elle remonte vers le nord et on s’attend d’ici 30 ans, à ce qu’elle se déplace de 1 300 km », a ainsi expliqué Aline Zaborowski cheffe marché vigne chez Corteva, la firme qui commercialise les insecticides à base de spinosad, lors du webinaire "Tendances viticulture et vinification 2025" organisé par Vignovin ce 6 mars.
A cela s’ajoute une évolution de leur dynamique avec des émergences plus précoces des adultes (13 jours d’avance) et des cycles raccourcis. Première conséquence : l’apparition d’une quatrième génération pour l’eudémis « Aujourd’hui il y en a trois, mais on note de plus en plus l’arrivée d’une quatrième et celle-ci est déjà bien complète au Portugal et en Espagne ». Les experts notent aussi une accélération du cycle et un chevauchement des générations avec un début de troisième vol de plus en plus précoce. "Il faut alors se montrer extrêmement vigilant car on va se retrouver avec des stades complètement différents au même moment : des œufs, des larves et des adultes. Vigilance donc au moment de la troisième génération qui se situe généralement fin juillet/début août et qui peut avoir un fort impact sur le rendement et la qualité », a insisté Aline Zaborowski.
Troisième conséquence du changement climatique : l’apparition de nouvelles espèces plus thermophiles. C’est le cas de la pyrale du Daphné Cryptoblabes gnidiella qui ne cesse de s’étendre. « Aujourd’hui on la retrouve sur l’arc méditerranéen. Mais on commence à en voir dans le Sud-Ouest, notamment dans le Tarn et elle a été détectée en Angleterre et en Belgique là où il commence à y avoir de la vigne », a rapporté la cheffe marché. Et de poursuivre « la lutte contre ces ravageurs devient de plus en plus complexe avec un chevauchement des espèces en présence et des générations ». Que faire ? D’abord assurer une surveillance des populations par des piégeage (phéromones ou alimentaire) et identifier les espèces dont on a affaire. Un préalable indispensable pour déterminer le choix des solutions et optimiser les interventions selon Aline Zaborowski. Au niveau de la lutte en elle-même, elle recommande de mixer les méthodes alternatives. Aujourd’hui celles-ci sont essentiellement basée sur la confusion. Or la confusion est spécifique d’une espèce. Il faut donc bien identifier l’espèce et éventuellement mixer avec des solutions à effet insecticide pour compléter le spectre et le mode d’action a-t-elle insisté. Sans oublier la préservation de la faune auxiliaire en prenant en compte la sélectivité des produits vis-à-vis de ces auxiliaires.