acaboué, grande sainte-marie et prin blanc sont les derniers arrivés au domaine Saint-Germain. Ils portent à trente-sept le nombre de cépages cultivés par Raphaël et Louise Saint-Germain, vignerons bio installés à Saint-Pierre-d’Albigny, en Savoie. Et le père et sa fille n’ont pas dit leur dernier mot.
Lors de sa création en 1999, ce domaine était planté de 14 ha de jacquère, mondeuse noire, gamay et chardonnay. La diversification débute en 2003 quand Raphaël plante 1,7 ha de persan. « Hyper aromatique, très floral avec beaucoup de tension : il donne un vin moderne », décrit-il. Cette même année, il plante aussi 0,2 ha de mondeuse blanche dont il apprécie le potentiel de vieillissement.
À cette époque, d’autres vignerons des coteaux alpins s’intéressent aux cépages autochtones. Le Centre d’ampélographie alpine Pierre-Galet naît en 2007 sous l’impulsion de Michel Grisard, pour reconquérir ce patrimoine oublié. « Nous en sommes membres depuis le début et participons régulièrement à des prospections, réunions et dégustations, relate Raphaël. Nous sommes ainsi allés récupérer du matériel végétal en Isère, Savoie, Haute-Savoie et même en Italie. »
Les plantations suivent le rythme de ces découvertes. Pour certains cépages très rares, il n’existe que quelques dizaines de pieds. « Dorénavant, pour produire plus vite, nous surgreffons, reprend le vigneron. Nous donnons aussi des bois aux vignerons intéressés : les cépages appartiennent à tous. »
Hibou noir, dousset, douce noire, bia blanc, petite sainte-marie et mondeuse grise font partie du projet VIFA, piloté par le Syndicat régional des vins de Savoie, visant leur autorisation en AOP Vin de Savoie. « Nous produisons quelques dizaines de bouteilles en monocépage et assemblons le reste à hauteur de 10 % maximum en AOP Vin de Savoie, explique Louise. D’autres vignerons font la même chose, et le syndicat fait ses propres essais. »
Les Saint-Germain cultivent aussi des variétés qui ne sont pas au catalogue (dongine, hibou blanc, cacaboué, prin blanc) dont ils ne peuvent pas vendre ni assembler les vins, mais qu’ils font goûter comme des curiosités.
Cultivés sur des grandes surfaces, la mondeuse, le persan, l’altesse, la roussanne et le pinot noir sont, eux, valorisés en monocépage. D’autres variétés sont assemblées en AOP Vin de Savoie ou en IGP Vin des Allobroges, catégorie à laquelle appartient la cuvée Par-delà les Versants qui réunit la majorité des cépages cultivés au domaine pour donner 3 000 cols en blanc et en rouge.
Raphaël et Louise ne comptent pas le temps – ni l’argent – passé en prospection, surgreffage et tests de vinifications. « C’est passionnant de découvrir comment un cépage se comporte », partage Raphaël, convaincu que la plupart ne méritaient pas d’être oubliés. Lui avoue un faible pour le hibou noir, « qui donne un vin très rond avec des tanins tout en douceur », et le dousset, très peu alcooleux : leur millésime 2023 titre à 9°. En outre, ces deux cépages lui semblent peu sensibles aux maladies.
« Chaque cépage a un intérêt, abonde Louise. Malgré le réchauffement climatique, il nous arrive encore de chercher du degré. En 2023 et 2024, deux millésimes frais, nous en avons obtenu avec le hibou. Le persan, lui, est compliqué à produire car maladif, mais nous aimons le vin qu’il fait. »
Blancs : Altesse, bia blanc, cacaboué, chardonnay, dongine, gouais, grande sainte-marie, gringet, hibou blanc, jaquère, marsanne, mondeuse blanche, petite arvine, petite sainte-marie, pinot gris, prin blanc, rèze, roussanne, savagnin, verdesse, velteliner rose, viognier. Rouges : Douce noire, dousset, étraire de la Dhuy, feunate, gamaret, gamay, hibou noir, joubertin, merlot, mondeuse grise, mondeuse noire, persan, pinot, poulsard, sérénèze