’appel à l’aide est direct : « chaque bouteille vendue, chaque message, chaque partage compte » lance sur Linkedin le vigneron Maxime Guelle, à la tête du domaine de la Bougarde (11 hectares de vignes en IGP de Franche-Comté à Offlanges, dans le Jura). « Ce n’est pas un message facile à écrire, mais je crois en la force de la solidarité, de la communauté, et des rencontres » explique-t-il ce premier juin en ligne, alors qu’il affronte « une période extrêmement difficile sur le plan familial, mais également sur le plan financier personnel et professionnel avec mon domaine viticole. » Ce dernier étant « plus qu’un métier : c’est un engagement, une passion, et une vie dédiée à un terroir, à des valeurs, à un travail respectueux de la terre ».
Mais depuis son installation en 2023, la passion du vigneron ne permet pas de subvenir aux besoins de sa famille. « Entre les aléas climatiques, les charges qui s’accumulent, le contexte agricole rude, les ventes qui ralentissent la situation au domaine qui se dégrade… Et malgré tout le cœur que je mets dans ce projet de reprise du domaine familial, je me retrouve au pied du mur » constate sans fard Maxime Guelle. Concrètement, son appel à l’aide espère ouvrir « des pistes de collaborations (événement, commercialisation, accueil touristique…), des canaux pour vendre mes vins (B2B ou particuliers), des personnes prêtes à m’aider, même modestement par un achat, un contact, un partage ; des idées concrètes, des coups de pouce (achat, contact, partage…), des synergies inattendues ; des contacts ou relais professionnels prêts à m’orienter ou m’ouvrir une porte ».
Bouffée d’aide
Depuis la publication de son cri du cœur, des messages de soutien et actions de solidarité se succèdent, venant qui des cavistes, qui d’une designeuse, qui de consultants… « Je reçois tout un panel de solutions et d’aides qui me touchent » rapporte Maxime Guelle, ajoutant que « des exportateurs m’ont contacté et même un créateur de podcast au Canada. C’est de l’entraide, ils me tendent la main. » Une bouffée d’air bienvenue, qui doit encore se concrétiser par des ventes, mais qui permet déjà de briser le tabou des difficultés économiques et du mal-être dans un monde agricole d'aussi grands faiseux que taiseux.


« Avant, on ne se plaignait pas avec mon épouse. On ne voulait pas dire que ça n’allait pas, même au début de la maladie de ma femme » reconnaît Maxime Guelle, mais « ce n’est pas bon, on s’enferme en se voilant la face. Mais se voiler la face ne permet pas de prendre les bonnes décisions pour trouver des solutions. Maintenant, je le dis si on me demande comment ça va. Je réponds que ça ne va pas top, que ça ne vend pas. Si cela permet à une main de se tendre, ça fait du bien au moral. »
Ne produisant pas plus de 150 hectolitres sur ses 11 hectares en 2023 et 40 hectolitres en 2024 (avec les conséquences du gel de 2022 sur la récolte 2023 puis la gelée de 2024 à laquelle s’ajoute les pressions mildiou et oïdium), Maxime Guelle voit sa faible production déboucher sur de trop petites ventes : « je ne vends pas 1 000 bouteilles par mois, alors que mes prêts bancaires et remboursement sont très élevés : 6 000 €/mois. Je paie difficilement les factures et les charges, je ne vis pas à côté. Je n’ai pas de salaire depuis une année et l’on vit sur les indemnités d’arrêt de travail de ma femme et ses économies. Je ne peux rien payer pour mon foyer et mes enfants ». Son appel n’en est que plus fort : « chaque bouteille que je peux vendre permet de sortir la tête de l’eau ».
Photo : Adobe Stock (Kosmo111)