ous êtes mordu de bricolage depuis toujours… A ce jour, combien de machines sont sorties de votre atelier ? Pouvez-vous les décrire rapidement ?
Adrien Le Goas : Il y a évidemment le Voltrac, notre porteur électrique à chenilles, léger, pour intervenir précisément sur nos vignes pentues. J’ai également conçu un porte-outils frontal à 6 axes de réglages (vertical, horizontal et d'inclinaison) pour y fixer tout outil de travail du rang. Associé à Voltrac et son pare-brise descendant à 40cm du sol, la vision et la précision de travail sont très satisfaisantes. J'avais fait un porte outil arrière mais c'est vraiment inconfortable de travailler en passant son temps à tourner la tête pour contrôler la bonne position.
J’ai également conçu un pulvérisateur deux demi-faces, car à Jurançon et ses devers dur de faire plus, équipé d'un DPAE. Nous avons conçu notre propre système de régulation de la pulvérisation que l’on trouve plus précis que celui présent dans le commerce et composé de moins de pièces.
En ce moment une épampreuse électrique, devant être associée au Voltrac, est en fin de montage. Elle sera positionnée à l'avant avec un effacement par trapèze.
Ces nouveaux outils ont-ils été testés ?
Oui ! Le pulvérisateur a déjà fait ses premiers traitements. C'est très agréable de traiter en électrique, le réglage de vitesse d'air se fait très facilement et je suis satisfait de la qualité d’application. J'ai hâte de commencer à abimer la peinture de notre nouvelle épampreuse à axe horizontal qui est encore dans l'atelier !
Vous ne vous contentez pas de fabriquer, vous voulez également partager les plans de vos machines. Pourquoi est-ce important pour vous ?
Je suis convaincu que l'open source peut faire progresser notre filière. C'est par l'innovation qu'un marché prospère et l'open source pousse à l'innovation et au partage d’idée.
Est-ce facile à mettre en place ?
Ce n'est pas facile de mener toutes les activités de front entre le travail à la vigne et mon activité de concepteur. La promotion de l'open source nécessite de l’investissement et du temps. Il existe un frein important à l'open source : le niveau de compétence que demande la réalisation de machines moderne pour qu’elles soient performantes et fiables. Les vignerons que j'ai rencontrés sont très pointus sur le volet agronomique mais ont plus de difficulté avec la mécanique.
Justement, quel est le premier outil pour se lancer dans l’auto-construction ? J’imagine que vous ne nous conseilleriez pas de nous lancer dans la construction d’un Voltrac dès le début ?
Non, un Voltrac ce n'est vraiment pas la bonne idée pour une première ! Il faut dans un premier temps définir ses besoins et réfléchir en analysant les compétences disponibles autour de chez soi (lasériste, hydraulicien, etc) et l'état du marché du machinisme. A mon sens, vouloir construire un intercep, par exemple, ne serait vraiment pas une bonne idée par rapport au nombre de constructeurs et au niveau de performance des outils corrélé aux prix compétitifs du marché. Il faut plutôt viser des machines simples qui coûtent cher dans le commerce (que soit à cause de leur poids ou du temps de fabrication industriel) comme des portes outils par exemple. On a tous une vision différente de ces machines et un besoin différent dans le positionnement de nos outils de travail du rang. Ce sont des machines simples : quelques vérins tout au plus, mais on a tous un bon hydraulicien à côté de chez nous. Avec de la bonne soudure agricole et un pot de peinture on peut commencer à faire quelque chose de sympa !
Quels sont vos projets à venir ?
Certains de mes confrères Jurançonnais me poussent à lancer ma marque de matériel agricole ! J'y réfléchis sérieusement notamment pour la pulvérisation. Je verrais pendant la saison si mon pulvérisateur peut répondre aux besoins des confrères et à certains manques sur le marché.