usqu’ici, tout va bien dans l’Aude ! « Si la campagne viticole se poursuit comme elle a commencé, les vignerons auront des raisins à vinifier en 2025. Le plus dur sera de vendre le vin », anticipe Nicolas Sourd, conseiller viticole et animateur de groupes 30 000 pour la Chambre d’agriculture. Malgré l’humidité printanière, très bénéfique pour les sols et les plantes, la pression fongique reste relativement faible. « Nous observons de l’oïdium sous forme de drapeaux dans des parcelles de carignan ou de macabeu mais pour l’instant il n’y a rien d’alarmant, d’autant que les pluies fines des dernières semaines ont dû lessiver l’inoculum », indique Giacomo Pinna de l’Institut coopératif du vin (ICV).
La situation mildiou tend cependant à évoluer. « Pour l’instant seules quelques taches ont été observées sur le littoral car les pluies de la mi-avril sont intervenues à un moment où la vigne n’était pas toujours réceptive et ont été suivies d’une semaine de vent du nord, explique le consultant. Mais comme il est encore tombé plusieurs millimètres le 21 et encore samedi dernier, la fréquence des symptômes devrait augmenter sur l’ensemble du département. » Ce que confirme la dernière édition du Bulletin de santé du végétal (BSV) d’après la modélisation Milstop et les captures de sporées aériennes réalisées à Prat de Cest et Pezens. Ses rédacteurs préviennent : « les conditions climatiques de la semaine écoulée ont été moins favorables à de nouvelles contaminations primaires, mais dans les secteurs où la maladie est présente, de faibles volumes de pluie ou de fortes hygrométries suffisent désormais à engendrer des contaminations secondaires. » La prudence est de mise, d’autant que la vigne a bien poussé et que les stades majoritairement observés vont aujourd’hui de « 5-6 feuilles étalées, inflorescences visibles » à « boutons floraux encore agglomérés ».
Contamination primaire dans le lézignanais (G. Pinna)
Nicolas Sourd et Giacomo Pinna ne rapportent pas encore de symptômes de black-rot, mais signalent, comme dans le vignoble corse et bordelais, une recrudescence de dégâts d’escargots dans les parcelles à historique. « Peut-être qu'ils attendaient depuis plusieurs années dans le sol le moment opportun pour sortir, suppose le premier, racontant avoir reçu des photos d’une vigne dans le narbonnais où les feuilles sont mangées à mesure qu’elles poussent elles sont mangées. « On ne voit plus que les rameaux verts, tout est défolié. On se croirait derrière une grêle ».
En parlant de grêle, les conseillers confirment des dégâts localisés sur une dizaine d’hectares à Alzonne. « Il faut désormais attendre de voir quelles seront les conséquences sur le rendement. Il est également tombé quelques grêlons sur le limouxin mais les exploitants n’ont rien signalé », rassure Nicolas Sourd. « Il y a eu jusqu’à 10 cm de grêle sur les capots de voiture à Limoux. C’était impressionnant mais ça n’a a priori pas impacté les vignes qui n’étaient pas encore trop avancées, à 2 ou 3 feuilles étalées », confirme Giacomo Pinna.