n novembre 2023 après quatre mois d’arrêt de travail à la suite d’une hernie discale, Karine Peuvot consulte un médecin de la MSA. « J’étais très fatiguée, se souvient-elle. Ce médecin a détecté une dépression et m’a orientée vers une assistante sociale qui m’a parlé de l’aide au répit », le dispositif de la MSA, destiné à venir en aide aux exploitants et aux salariés agricoles épuisés professionnellement.
Karine Peuvot, a ainsi bénéficié d’un séjour dans les Vosges en août 2024. Cette exploitante à la tête de 2 ha de vignes dans l’Aube vit seule avec ses quatre enfants âgés de 13 à 22 ans. « Je suis partie avec deux d’entre eux, décrit-elle. Ce séjour a entièrement été pris en charge. Nous avons juste eu à préparer nos valises et à monter dans le bus. Au centre de vacances, de nombreuses activités étaient proposées pour les adultes et les ados. Ce séjour m’a permis de faire un vrai break. Aucun repas à faire. On se laisse porter ».
Après cette expérience positive, elle invite les viticulteurs à se rapprocher de la MSA en cas de grande fatigue. « Les exploitants méconnaissent les services de la MSA, poursuit-elle. On part peut-être aussi du principe que si on est à notre compte, on n’a pas à se faire aider. Et puis, quand on n’est pas dans un bon état d’esprit, on n’a pas la force d’aller chercher les infos ».
Le retour chez elle, s’est bien passé. Karine Peuvot pratique désormais le yoga et le Pilates, et fait des étirements tous les matins. Elle va également voir une psychologue, dans le cadre du dispositif « Mon soutien Psy » de douze séances gratuites. Et elle participe à la formation Kiné Form & Santé, dispensée par le kinésithérapeute marnais Christophe Geoffroy dans un village voisin.
Sophie, une autre viticultrice, a également bénéficié d’une aide au répit l’été dernier. Veuve depuis neuf ans, elle aussi est maman de quatre adolescents. « Au début, mes enfants n’étaient pas très partants pour aller passer une semaine de vacances dans la nature, explique-t-elle. Mais sur place, ils ont adoré car il y avait de nombreuses activités pour eux et des soirées. De mon côté, j’ai vraiment pu me détendre car tout est préparé ».
Sophie avait déjà bénéficié d’un week-end juste après le décès de son mari. Lors de ces deux parenthèses, elle a apprécié de rencontrer d’autres exploitants qui ont connu des difficultés similaires, la MSA faisant en sorte de regrouper les bénéficiaires de ces séjours. « J’ai pu créer des liens dès que je suis montée dans le bus, précise-t-elle. Je suis toujours en contact avec deux familles. Il y a de la solidarité entre nous, on se comprend car on a connu les mêmes problèmes. C’est un vrai soutien. Cela efface un peu les soucis ! ».
L’aide au répit de la MSA, a pour but de prévenir l’épuisement professionnel. Ce dispositif peut prendre différents aspects : prise en charge d’un remplacement qui peut aller jusque 14 jours, d’une consultation psychologique, d’une aide administrative, de séjours d’une semaine ou d’un week-end, d’activité physique, de groupe de paroles ou de séance de diététique. En 2023, 4585 assurés MSA en ont bénéficié, dont 80 % d’exploitants et 20 % de salariés. 13 750 jours de remplacement ont ainsi été financés par la MSA, principalement dans le secteur de l’élevage viande et lait. La viticulture est le troisième secteur touché. La MSA propose aussi le dispositif « L’avenir en soi » qui permet, en 6 à 8 journées, d’identifier ses ressources et ses atouts, au sein d’un petit groupe d’exploitants, pour faire face à un changement. Le « Parcours Confiance » permet de faire le point sur sa situation et de reprendre confiance, toujours à travers un petit groupe, avec 10 à 12 séances courtes.