chaque semaine sa mode sur les réseaux sociaux : après les parodies de Bref et les photos passées au filtre Ghibli par l’Intelligence Artificielle (IA), la tendance du starter-pack sature ces derniers jours avec ses modélisations par Intelligence Artificielle (IA) d’une personne, ou d’un métier, sous la forme d’une figurine enfermée avec ses accessoires soigneusement alignés dans son emballage plastique. Si de nombreux vignerons et de professionnels du vin ont joué à se représenter sous cette forme a priori individualisée, l’entreprise Souslikoff a réussi à se distinguer dans ce flux finalement très ronronnant. Avec sa photo réelle de l’un de ses employés, Gérard, chaudronnier soudeur depuis 18 ans, couché sur le dos avec son matériel rangé à ses côtés.
« Pas d’IA, pas de décors en carton, juste une photo prise en plein cœur de notre usine — là où le vrai commence. Chez nous, le savoir-faire sent la limaille, pas le pixel » pose la publication sur Linkedin et Facebook de Souslikoff. Basé dans le Médoc, le fabricant et distributeur de machines viticole prend le contre-pied des starter-packs générés par IA dans la forme et dans le fond. « L’IA, ça gomme les défauts. Nous, on les assume. Parce que l’authentique, c’est beau. Même avec un peu de cambouis » indique le post rédigé par Éva Peyré, chargée marketing et communication, et Célestine Girard, en alternance. « On essaie d’avoir une communication un peu décalée et un peu moins rigoriste, sinon on tombe dans le répétitif » explique à Vitisphere Anne Martinez, la directrice général adjointe de Souslikoff.


Ne suivant pas la même route que les braves gens, le constructeur affirme sa différence sans vouloir polémiquer. Entre la pollution numérique (consommation d’eau et d’énergie) et la violation des droits d’auteur (la génération d’images s’appuyant sur des créations absorbées mais non rémunérées), l’usage récréatif des IA génératives crée du débat. « On n’a pas voulu être des moutons et on a plutôt voulu être en décalage et se demander à quoi sert le stater-pack. Quel est son intérêt ? Quelle est sa valeur ajoutée ? Pourquoi le faire si ça ne nous ressemble pas ? » rapporte Anne Martinez, pointant que « notre usine a besoin d’hommes pour faire fonctionner nos outils. L’IA peut être un outil fabuleux, mais aussi endormir les cerveaux (en n’analysant ni ne critiquant plus) et arrondir les angles (la sueur, les cernes, les vêtements sales et abîmés, les partages, les sourires, la communauté sont notre quotidien). »
Malice au pays des merveilles
Faisant valoir sa différence face aux tendances se voulant personnalisées, mais gommant les identités, Souslikoff n’est pas fermé au prometteur champ des possibles de l’IA, s’y formant dans une optique d’utilisation modérée et réfléchie. « Loin de nous la volonté de poser un jugement sur les actes de chacun, les valeurs humaines et de travail nous semblent encore plus importantes à notre époque » précise Anne Martinez. Qui certes véhicule ces messages via des réseaux sociaux qui sont également coûteux en énergie et matières premières… Comme le site web hébergeant cet article… « Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre » écrit Rousseau dans les Confessions