n miracle se produit sur le parking de la cave de Tain : les aveugles voient, les sourds entendent et les paraplégiques marchent. « Vous avez de la chance, votre handicap a été passager », lance Maud Dupuis, fondatrice de Polymorphe Design, intervenant sur l’œnotourisme inclusif lors des rencontres annuelles des Vignerons Engagés, ce 12 mars dans la Drôme. La dizaine de participants brièvement mis en situation a réalisé ainsi que le parking est pentu, qu’il faut anticiper les temps d’ascenseur pour circuler avec des fauteuils, et que les bandes de guidage pour malvoyants pourraient mener plus directement vers la boutique…
La loi de 2005 détaillant les normes d’accessibilité pour les établissements recevant du public (ERP) « est censée être en application depuis 2024 » rappelle Maud Dupuis. Elle concerne les quatre familles de handicaps : visuels, auditifs, mentaux et moteurs. Attention : la plupart des handicaps ne sont pas visibles ! Le nombre de malentendants est par exemple estimé à 5,5 millions de personnes…
« Les personnes handicapées sont avant tout des clients : que voulez-vous qu’elles retiennent de leur visite ? » demande la formatrice. Pour adapter ses prestations, rien ne vaut de se mettre dans la peau du visiteur atteint d’un handicap. « En fermant les yeux devant un film, on peut se rendre compte que l’audiodescription omet des détails cruciaux », illustre Maud Dupuis. Elle cite aussi le parcours de visite inclusif créé par le caveau de Chautagne en Savoie, qui « joue sur les cinq sens pour accéder à l’univers du vin. De plus toute la signalétique est travaillée en gros caractères contrastés, avec du braille et des pictogrammes pour le public non lecteur, et un QR code permet de suivre la visite en langue des signes. »
Dans tous les cas, « il est essentiel de communiquer sur l’accessibilité de votre offre, insiste-t-elle. Souvent le public atteint de handicap renonce de peur que des obstacles n’empêchent ou gâchent leur visite. »