e principe ? Rémi Loustalot, technico-commercial Vantage AM, nous l’explique. « Nous proposons le pack Field-IQ Isobus à même de rétrofiter tous les types de pulvérisateurs, pourvu qu’ils soient équipés d’électrovannes. Ce pack comprend un boîtier Isobus Ecu Muller, un GPS RTK, un débitmètre ou un capteur de pression, au choix du client, et une console Isobus Trimble si le client ne possède pas déjà une console Isobus dans son tracteur. Nous venons récupérer les données du pulvérisateur et de ses électrovannes pour déterminer les commandes d’ouverture et de fermeture de tronçons. Nous saisissons les cotes du tracteur afin de le situer dans l’espace. On établit également les contours des parcelles pour assurer la coupure automatique de tronçons grâce au GPS. »
Au Château Léoville las Cases, à Saint-Julien-Beychevelle, en Gironde, six tracteurs Bobard (cinq 1084 et un 1080) et leurs cellules PolyJet sont équipés d’un tel système depuis 2018. « L’idée première, c’était de pouvoir moduler les doses en intraparcellaire en fonction de la vigueur des vignes, explique Rémy Fulchic, directeur du laboratoire de recherche et développement de cette propriété de 98 ha. Nous avons dressé des cartes grâce à des relevés NDVI et défini trois classes de vigueur : forte, moyenne et faible. Nous avons entré ces cartes dans la console Isobus. Depuis, on peut programmer le volume de bouillie pour chaque zone – pleine dose (250 l/ha) sur les vigueurs fortes, 15 % de bouillie en moins (213 l/ha) sur les vigueurs moyennes, et 30 % de moins (175 l/ha) sur les faibles vigueurs –, et ces doses s’appliquent automatiquement sans que le chauffeur ait à intervenir en cours d’application. De plus, tous nos contours de parcelles sont référencés en GPS RTK sur cette même console, ce qui nous permet de bénéficier de la coupure automatique de tronçon. »
Grâce à ces régulations, le château économise jusqu’à 20 % de produit : 15 % grâce à la modulation de dose, et 5 % aux coupures de tronçons. De plus, Rémy Fulchic note une amélioration de la sécurité pour les opérateurs qui « peuvent se concentrer davantage la conduite que sur la qualité d’application ». Il reste à équiper trois tracteurs cette année.
Toujours en Gironde, au Château Sainte-Catherine, au sud de Bordeaux, David Merlet, responsable vignobles et chai, a équipé son porteur New Holland 9070L d’une console Trimble et rétrofité sa cellule Berthoud Cruis’Air en 2021. « Une console était déjà installée dans le porteur pour commander le pulvé, mais elle ne me convenait pas, indique-t-il. Je trouvais que son utilisation pour paramétrer un traitement n’était pas assez intuitive. »
Le vigneron compte sur ce système pour gérer la coupure automatique de tronçons. Hélas, une mise à jour de la console Trimble lui a coupé l’accès à la programmation parcelle par parcelle peu après l’installation du kit Field-IQ Isobus. « Tout notre parcellaire est regroupé en un seul îlot de 70 ha. Mais la console ne prend plus en compte les parcelles à l’intérieur de l’îlot. On a toujours la coupure de tronçon lorsqu’on sort de l’îlot, mais lorsqu’on veut appliquer un traitement différent sur deux parcelles, il faut couper les tronçons manuellement. Et je ne peux pas récupérer les données de traitement parcelle par parcelle. »
Équipé d’un second pulvé sur son exploitation, David Merlet attend impatiemment que ce problème soit résolu. Il reste cependant convaincu de la fiabilité du système. « Sur la console, on sélectionne la parcelle – l’îlot, en l’occurrence –, on renseigne le produit que l’on veut appliquer et la dose par hectare. Et l’appareil applique cette dose rigoureusement. Notre pulvé est équipé d’une rampe à quatre descentes reparties en autant de tronçons. Durant le traitement, on peut suivre son déplacement sur une carte. Quand il arrive en bordure de parcelle, on voit les descentes qui se coupent, parfois les unes après les autres, lorsque l’on sort d’une parcelle qui n’est pas rectangulaire. »
Une modernisation qui reste onéreuse. « Notre solution coûte entre 16 000 et 18 000 € ; c’est une somme !, admet Rémi Loustalot. Somme à laquelle il faut ajouter l’abonnement au GPS RTK, qui allonge le ticket d’environ 6 000 € par abonnement. »
David Merlet a payé 15 000 € HT pour l’installation de l’Isobus sur son Berthoud. « Heureusement, j’ai bénéficié de 40 % de subvention Plan Végétal Environnement (PVE) », précise-t-il. Le Château las Cases, lui, a déboursé 17 000 € par pulvé, plus 120 €/console/an pour l’abonnement au logiciel Trimble AG qui relie la console à un ordinateur de bureau. « Si on fait abstraction du coût, c’est vraiment un très bon outil, affirme Rémy Fulchic. Mais pas mal de propriétés n’ont même pas de système de débit proportionnel à l’avancement électronique (DPAE). Il y a donc des étapes à franchir avant de passer à l’Isobus. Un simple DPAE représente un investissement moins important mais qui sécurise beaucoup la protection phyto. »
L’Isobus est un protocole de communication standardisé qui permet à des tracteurs et des outils de différents constructeurs de communiquer entre eux. Après l’installation d’un kit Isobus, l’opérateur peut contrôler via un même terminal plusieurs outils, indépendamment de la marque. Ainsi, au lieu d’utiliser un terminal distinct pour chaque machine, l’Isobus offre une gestion centralisée et simplifiée de tous les équipements compatibles avec cette norme.