ouvant enfin accéder à ses vignes en bordure de la rivière du Limony ce lundi 21 octobre, le vigneron Romain d’Aniello (domaine éponyme de 11 hectares de vignes en Ardèche) a eu une surprise amère en constatant la disparition de 5 à 6 mètres de ses bordures de parcelles en appellation Saint-Joseph : « je ne m’attendais pas à ça, il y avait des arbres en bordure de berges. Deux cèdres de 25 à 30 mètres. J’ai compris la quantité de bois qui s’agglomérait contre le pont vendredi dernier. »
Face aux dégâts « impressionnants », le vigneron constate des ceps emportés par les eaux ce jeudi 17 octobre, quand le débit était à son maximum après les pluies diluviennes de l’épisode cévenol tombé sur la région. « La berge n’a pas tenu, il n’y avait pas d’enrochement. Des bouts de parcelle sont partis, là où l’on tourne normalement avec les engins, avec des pointes de rang » rapporte Romain d’Aniello. Ayant vu partir à l’eau les tournières des vignes en place, le vigneron a aussi perdu en contrebas une zone où il comptait des vignes en 2025. Sans compter quelques ceps qui ont été écrasés par les arbres tombés et emportés par les flots.


« Je n’imaginais pas autant de dégâts » résume Romain d’Aniello, qui n’a pas été épargné sur ses coteaux (avec un mur effondré, deux glissements de terrain lui faisant perdre 30 à 40 pieds de vigne, ainsi que des trous et des ravinements). En bordure de rivière, « j’ai perdu des mètres carrés : je ne vois pas comment je vais les retrouver. Les berges ne sont plus tenues, ça va continuer à être grignoté » analyse le vigneron, qui prévoit des coûts conséquents pour l’enrochement de 50 mètres linéires de berge et l’ajout de terre sur 2 à 3 mètres en bordure de sa parcelle : « je le chiffre de tête à plus de 50 000 euros, et je suis gentil ». Ne préférant même pas imaginer les difficultés administratives de tels travaux, Romain d’Aniello attend déjà des retours de son assureur pour y voir plus clair. « Pour l’instant, on est dans le flou » pointe-t-il, alors qu’il constate qu’« il n’y a jamais une année de calme, ou même des mois sans souci. Nous faisons face à une crise économique impressionnante. Notre trésorerie ne nous permet pas d’envisager de tels frais. »
Soulignant des « cumuls de pluie exceptionnels, qui ne sont pas connus de mémoire d’homme », Joël Durand, le président de l’AOC Saint-Joseph souligne que les dégâts restent très localisés sur les vignobles et caves de parties de l’appellation au nord de l’Ardèche et sur sa partie ligérienne. Essentiellement sur les communes de Limony, Malleval, Saint Pierre de Bœuf et Chavanay. Un déluge qui clôt un « millésime de toutes les frayeurs. Ça fait un an qu’il pleut, comme on ne l’avait pas connu. Tout le monde a serré les fesses, mais l’atterrissage qualitatif est spectaculaire, on a une capacité de résilience des vignes et des vignerons absolument énorme. »
« Un mur s’est effondré, l’eau est passée et a tout emmené » résume Romain d’Aniello.