’est un choc dans tout le vignoble languedocien, dont l'auteur de ces lignes. Agé de 49 ans, le vigneron du château Saint-Estève, à Thézan-des-Corbières, s’en est subitement allé en fin de semaine dernière. Administrateur d’un syndicat de l’appellation Corbières dont le président Olivier Verdale explique « la peine de l’ensemble de nos vignerons à l’annonce de cette nouvelle », David Latham était également le président du syndicat Boutenac, dont il a accompagné l’accession au rang de Cru en 2022.
Toujours disponible et enthousiaste, l’arrière-petit-fils de l'aventurier et écrivain Henry de Monfreid était un fervent défenseur des Corbières, et du Cru Boutenac en particulier. Jeanne Fabre, sa voisine du château de Luc, à Luc-sur-Orbieu, et présidente du salon SudVinBio, témoigne à son tour « de la belle personne et du vide énorme qu'il laisse ».
De Gérard Bertrand, qui salue « un vigneron talentueux et un homme généreux et volontaire », à son ancienne voisine du château La Bastide Nan-Ping Gao, qui souligne un homme toujours bienveillant, qui « courait partout pour la promotion de tes vins en plus des tâches auprès des syndicats Corbières et Boutenac », les hommages ont afflué tout au long du week-end sur les réseaux sociaux pour celui qui produisait les vins de la propriété sur plus d’une centaine d’hectares, aux côtés de sa sœur Amélie. La gouvernance de la cave coopérative voisine du Cellier des Demoiselles (Saint-Laurent de la Cabrerisse), salue de son côté « un homme généreux, souriant, véritable défenseur du monde viticole, qu'il s'agisse des vignerons indépendants ou de nous, caves coopératives. Nous perdons un soleil des Corbières ».
Son père Eric avait repris en 1983 la propriété à l’abandon, avant que David ne s’installe officiellement à ses côtés en 2011, après une carrière entamée dans le secteur de l’informatique. Amélie s’était ensuite jointe à l’aventure familiale à partir de 2015. David Latham avait également conduit la conversion de son vignoble en bio ces dernières années. De ses plus proches à ceux qui n'avaient fait que le croiser, toutes les Corbières et le Languedoc sont en deuil après la perte de cet ami cher. Très proche de lui, c'est l'avocat-vigneron des Corbières Jean-Paul Serres (château Sainte Lucie d'Aussou ) qui résume finalement l'homme qu'était David Latham aux yeux de son entourage : « il prenait le collectif à coeur, allant jusqu'à mettre en retrait ses propres vins au bénéfice de ceux des confrères. Il aimait dire "ça pique !" lorsque quelque chose n'allait pas dans le bon sens ou était désagréable. Sa générosité le précédait tant que nous ne lui avons pas rendu tout ce qu'il nous a donné ».