es trombes d’eau. «Rien qu’en mai, il est tombé au moins 150mm», déplore Jean-Pierre Bouillac, gérant des pépinières du Vieux Puits, à Reignac, en Gironde. Si bien que la mise en terre de ses greffés-soudés fut une vraie galère. «Nous avons commencé à les planter vers les 5 et 6mai et terminé début juin. Nous avons travaillé des sols humides et sous la pluie. Mais nous n’avions pas le choix. Il fallait y aller !»
Installée à Camiran, sa consœur Delphine Bougès a bien cru ne jamais réussir à trouver une fenêtre favorable pour mettre ses plants en pépinière. Mais à la toute fin mai, elle a profité d’une accalmie. «En quatre jours, on a préparé le terrain, former les buttes et installé l’irrigation, détaille-t-elle. Et planté dans la foulée. Heureusement, nous avons pu compter sur le fort engagement de notre personnel.»
Robin Chollet, gérant des pépinières Chollet, à Nercillac, en Charente, a lui aussi pu compter sur ses salariés. «Fin avril, nous avons eu une fenêtre de trois jours pour préparer les sols. On a travaillé quasiment non-stop. Le dernier jour, on a fini à 1 heure du matin. Après cela, on a pris de l’eau pendant trois semaines. Nous étions constamment en imperméable pour planter. L’eau rentrait dans nos bottes. Une de mes salariés a même fini en chaussettes. Nous avons très peu utilisé le tracteur car il s’embourbait. Nous avons dû transporter les plants dans des paniers, à la main, sur des rangs de 300 à 400m de long. Cela a été physiquement très éprouvant.»
À Charcenne, en Haute-Saône, Pierre-Marie Guillaume, des pépinières Guillaume, a été confronté aux mêmes difficultés. «Habituellement, on démarre les plantations vers le 1ermai, mais là, nous avons commencé quinze jours plus tard car nous attendions une éclaircie qui n’est jamais venue. À cause de la pluie, nous avons tout fait à dos d’homme. Ce qui nous a pris 30% de temps en plus. Nous avons terminé les mises en terre autour du 20juin.»
Par la suite, les pépiniéristes ont bataillé contre le mildiou. «Nous avons démarré la protection le 1erjuin pour les premiers plants que nous avons mis en terre, indique Pierre-Marie Guillaume. Puis on est intervenu au moins une fois par semaine avec des produits conventionnels, en alternant les matières actives afin de limiter les risques de résistance.» Début juillet, quelques symptômes de-ci de-là étaient apparus. Mais par la suite, des périodes chaudes et sèches ont permis de stopper ces foyers, indique le pépiniériste.
Au sein des pépinières Velletaz-Groupe, il a fallu tenir «des cadences infernales pour contenir le mildiou», relate Sébastien Velletaz, le gérant. Début juillet, ses salariés devaient traiter ses pépinières conventionnelles deux fois par semaine avec des produits pénétrants ou systémiques, et les plants bio plus fréquemment encore. «Nous avons une pépinière bio de 2ha, évoque le pépiniériste. Pendant un temps, on l’a traitée tous les deux jours au cuivre. À l’avenir, nous ne savons pas si nous pourrons faire des plants bio car il y a des doses maximales de cuivre à respecter.»
À Bordeaux, au début du mois de juillet, la pression de mildiou était «phénoménale, rapporte Jean-Pierre Bouillac. Si on a réussi à contenir le parasite sur les premiers plants que nous avons mis en terre, la maladie a explosé de partout sur les derniers, alors que l’on a traité tous les cinq à six jours avec un mélange de folpel et de fosétyl».
Dans ces conditions, les taux de reprise s’annoncent hétérogènes. «Ils oscillent entre 30 et 60%, établit Jean-Pierre Bouillac. Avec l’humidité de mai et le froid, certains lots greffés sur Paulsen et Fercal ont lâché. Le porte-greffe a séché et le plant est mort.»
Pierre-Marie Guillaume aussi s’attend à devoir éliminer des plants au moment du tri. «On s’interroge sur la qualité des racines à cause de l’excès d’eau.»
En Champagne, début septembre, les pépinières étaient plutôt «jolies», selon Jean-Michel Dumont, président du syndicat des pépiniéristes champenois. «Malgré des conditions météo dantesques, avec beaucoup d’humidité, on a réussi à contenir le mildiou», assure-t-il.
Même son de cloche en Paca, où «les pépinières sont belles car elles ont pu être plantées en temps et en heure, assure Giovanni Varelli, pépiniériste dans le Vaucluse et président de Vitipeps. Les taux de réussite paraissent normaux.» Les vignes-mères de porte-greffe de la région se présentent bien, elles aussi. «Les rendements s’annoncent corrects. Mais avec la baisse des greffages, toutes les boutures trouveront-elles preneur ?» Début septembre, Giovanni Varelli craignait des méventes de 3309 et Gravesac, d’habitude très employés en Gironde.