Nous réalisons un investissement qui consiste à rationaliser et à optimiser la production et le stockage de nos crémants sur un même lieu. Il permet notamment de recentrer sur notre site les 3 000 mètres carrés de stockage extérieur que nous avions sur deux sites en location » explique Céline Lannoye, 36 ans, à la tête de Celene, après le rachat en 2015 d'un élaborateur historique de crémants, doté de caves souterraines, idéales pour l’élevage du crémant, de par sa température constante de 13°C +/- toute l’année.
A la fin de cette année, le nouveau bâtiment de production et de stockage sera opérationnel. Céline Lannoye reste discrète sur le montant de cet investissement qui a reçu 30 % d’aides de la part de France Agrimer. Plus à l’aise pour évoquer le nouveau site qui a la particularité d’être au ¾ enterré dans le sol sur 12 mètres de hauteur et d’être connecté en partie basse à des caves souterraines datant du XVIIIème siècle et qui servent au stockage d’une partie des bouteilles. « La température basse de ces caves permet de maintenir dans le nouveau bâtiment une température constante en évitant l’utilisation de la climatisation » indique-t-elle. Le bâtiment possède également un système avancé de racks à accumulation avec des navettes de transport dites shuttle. La palette est posée sur la première rangée des racks puis est transportée avec ce shuttle jusqu’à la rangée du fond, permettant une optimisation des espaces de stockage.
Le chantier, qui a démarré en 2023, n’a pas été simple. « Il a fallu "découper" un morceau de falaise, avec 44 000 mètres cubes de falaises, bougées, terrassées. Le nouveau bâtiment va accueillir la production de 1 million de cols voir 1,5 million. Pas plus. Nous ne cédons pas à la mode actuelle qui consiste à s’engouffrer tête baissée sur le créneau des crémants. Le crémant n’est pas un eldorado. Pas question de produire plus que la croissance du marché » avertit elle. L’entreprise qui emploie 14 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 5,1 millions d’euros, écoule ses crémants à 30 % en grandes surfaces, à l’export (30 %), à 10 % au négoce français et cavistes. Les 30 % restants sont occupés par la prestation de services. Celene produit des crémants pour quelques 70 vignerons de Jurançon à l’ile d’Oléron.
Outre la marque Ballarin destinée à la grande distribution et la marque Celene dédiée à l’export, des nouveautés ont été mises sur le marché cette année. Ainsi, "Celene numéro 2" un rouge effervescent, 100 % merlot en méthode traditionnelle, vinifié sur le fruit , produit à 3 000 cols, distribué à l’export et sur le réseau traditionnel. Autre nouveauté : un pet’nat’ à base de sauvignon blanc, baptisé "Celene Pet Nat", qui est écoulé à 6 000 cols à l’export. En 2025, cette production devrait doubler.


Reste une épine dans le pied : l’absence de promotion des crémants de Bordeaux pour la dirigeante de Celene. « Les consommateurs connaissent les crémants d’Alsace, mais pas ceux de Bordeaux. Nous ne bénéficions pas de campagne de la part du syndicat et du CIVB, car nous sommes petits, seulement 9 élaborateurs, malgré l’engouement pour ce produit » confie-t-elle. Alors, son prochain chantier sera tourné vers la communication. Déjà l’entreprise est très présente dans les magasins de la grande distribution, avec une quarantaine de journées d’animation par an. « Il y a un devoir pédagogique à expliquer l’élaboration des crémants, à faire comprendre notre savoir-faire » insiste-t-elle.