lier, pour ne pas rompre, ni se déraciner. La filière des vins français s’étant fixé comme stratégie que les bassins viticoles ne bougent pas mais s’adaptent face au changement climatique, la fin de la viticulture dans les zones devenant impropres tient du tabou. Qu’il s’agisse du manque d’eau desséchant les ceps ou des excès de pluviométrie rendant incontrôlables les maladies, le manque actuel de trésorerie dans le vignoble imposé par les difficiles commercialisations conduit déjà à des friches, arrachages et autres cessions d’activité qui se voient dans les parcelles, mais ne se chiffrent pas encore dans l’ampleur des changements climatico-économiques de ce millésime 2024.
Et pendant ce temps… Se développent de nouveaux vignobles septentrionaux : la Bretagne au-delà du pays nantais, la Normandie qui n’est pas que bonne pomme, le Nord qui n’est pas près de caler, le Paris d'une capitale viticole... Ces néovignerons sont encore vus avec une certaine condescendance par les vignobles historiques se gaussant de voir le vignoble sortir du pré carré de la carte actuelle des vins pour aller chez des amateurs découvrant la vigne… Mais cette carte des vins n’a rien à voir avec celle de l’ère préphylloxérique où le vignoble était réellement national. On pourrait croire que la filière vin n'a pas appris les leçons du nouveau monde viticole, qui après avoir été vu comme « du Coca » tout juste bon à embaucher des viticulteurs et œnologues français peut aujourd’hui donner à l’ancien monde des leçons de marketing (l’émergence de nouveaux profils et la renaissance d’anciens cépages), de premiumisation (avec des valorisations et reconnaissances internationales qui n’ont pas à rougir) et de commercialisation (en ligne, par des clubs d’amateurs…).
Les vendeurs de vin noteront que ces vignobles français en développement sont des régions très consommatrices (en témoigne l’affluence aux salons de vignerons) : si elles sont loin d’être autosuffisantes, l’accroissement chez elles d’une production locale de qualité (les maturités s’améliorent rapidement, jusqu’à ne plus poser question chez nombre de ces vignerons septentrionaux) ne sera pas sans impact sur leurs consommations, soit en la dopant au profit de tous les vignobles (en mode trou normand), soit en accentuant la déconsommation des vins traditionnels (en mode laisse breton). L’avenir dira qui perd et qui gagne au changement climatique.