C’est une formule gagnant-gagnant, qui permet de mutualiser des coûts et de s’inspirer des avancées des autres », témoigne Marianne Thomas, responsable qualité, hygiène, sécurité et environnement (QHSE) à la cave des Vignerons Montagnac Domitienne, dans l’Hérault, dont les services ont été mis à disposition de Castelbarry, la coopérative de Montpeyroux, un jour par semaine pendant deux ans. Une mise à disposition qui vient de prendre fin, Castelbarry ayant fusionné avec la cave Saint Maurice-Le Piémont des Cévennes, dans le Gard.
« Je suis arrivée à Castelbarry dans l’urgence, car ils devaient préparer l’audit de renouvellement du label Vignerons Engagés prévu six mois plus tard, relate Marianne Thomas. L’intégration s’est faite rapidement ! Par la suite, cette mise à disposition m’a permis de mettre en place des outils de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) plus rapidement à Montagnac. »
En contrepartie, son travail sur la mise en place d’indicateurs de performance à Montagnac a permis à Castelbarry de diminuer le nombre des siens tout en améliorant leur pertinence. « Nous sommes passés de soixante-cinq indicateurs à une trentaine, car nous nous sommes rendu compte que certains n’étaient pas suivis, précise Marianne Thomas. Tout en ajoutant des indicateurs relatifs à la santé et la sécurité au travail, qui manquaient. Le partage de connaissances permet d’aller plus vite. »
Ce que confirme Bernard Palissé, directeur de la cave de Castelbarry. « La mise à disposition permet sur un croisement de compétences, et de partager un salaire. Quand l’état d’esprit est bon, comme ce fut le cas avec Marianne, c’est vraiment positif. Nous ne pouvions pas embaucher une personne dédiée à la QHSE. L’intégration a été réussie, même à hauteur d’un jour de présence par semaine. » Ce partage reposant sur une mise à disposition, c’est la cave de Montagnac qui gérait les salaires, entretiens individuels, etc. Et facturait une mise à disposition à Castelbarry.
En Champagne, Barbara André partage son temps entre trois coopératives. Salariée du groupement d’employeurs Idées, elle travaille huit jours par mois à Vincelles, six jours à Vandières et six jours à Troissy en tant que responsable QHSE. « Ce poste a été créé en 2008 par des coopératives qui avaient un besoin commun et qui se connaissaient bien, précise-t-elle. Au départ, elles étaient quatre. L’avantage du temps partagé au sein d’un groupement d’employeurs, c’est qu’elles peuvent arrêter la mission. »
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Les objectifs fixés à Barbara André par les directeurs sont les mêmes, à savoir la gestion des certifications ISO 22000 et ISO 14001. À ses yeux, l’intégration au sein des équipes s’est faite naturellement. « Pour eux, je fais partie de l’entreprise, souligne-t-elle. Ils ne me perçoivent pas comme un intervenant extérieur. C’est important car sur la qualité et la RSE, il faut que les salariés soient impliqués. » Lors des audits, une synergie s’opère. Une remarque qui lui est faite par un auditeur dans une coop peut ainsi être transmise aux autres. Toujours dans un esprit de mutualisation, Barbara André fixe un seul rendez-vous pour les contrôles réglementaires, la rédaction du document unique ou les prestations. Et c’est le même auditeur qui intervient dans les trois coopératives.
« Le partage d’un cadre permet aux coops d’avoir une personne qualifiée de manière pérenne, ajoute la responsable. Quand on embauche une personne à tiers-temps, cela a peu de chances de durer car ce salarié cherchera un temps plein. » Selon Simon Blin, président de la coopérative de Vincelles, dans la Marne, « le partage d’un cadre est une très bonne option pour bénéficier de compétences que l’on n’a pas en interne. Travailler sur plusieurs coops permet à Barbara de grouper les achats de vêtements de sécurité, de panneaux d’affichage, la vérification des extincteurs, etc. C’est une formule souple, qui permet au directeur de libérer du temps à consacrer au développement des ventes et au marketing ». Il précise que ce modèle repose sur une grande flexibilité. « Quand on programme une réunion, on choisit un jour où Barbara est présente. Mais elle peut aussi modifier son emploi du temps. »
Avec la montée en puissance des certifications et de la RSE, ce type de partage d’un cadre est une formule que l’on pourrait bien voir se développer.


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