’effet domino est là . La crise de la filière vigne et vin impacte sa distribution. Tel est le constat établi par le Syndicat de la distribution de matériel agricole, le Sedima, à l’issue de sa première enquête semestrielle 2024. Ce mardi 2 juillet, depuis ses locaux à Paris, l’organisme alerte. Toutes filières confondues, 56 % des distributeurs adhérents ayant répondu à l’enquête* annoncent un recul d’au moins -3 % dans les prises de commandes de matériels neufs à un an. Mais le Sedima se dit « particulièrement soucieux pour les adhérents du secteur vitiviniculture qui est le plus touché par la diminution de commandes des matériels neufs ».
En effet, d’après l’enquête du Sedima pour la filière viti - oeno, 66 % des distributeurs interrogés déclarent une baisse des commandes le matériel neuf. Parmi eux, la moitié déclarent que la baisse est supérieure à – 15 % ! Par contre, le marché de l’occasion montre une tendance plus stable. « Beaucoup de gens sont partis acheter de l’occasion car le matériel neuf est trop cher », commente Alexandre Mortier, Président du Sedima et distributeur de la marque Massey Ferguson.
Les projections pour le second semestre ne sont pas plus enthousiasmantes. Toutes filières, 67 % des distributeurs interrogés s’attendent à une baisse voire forte baisse des commandes de neuf. Un recul global allant jusqu'à -10 % est attendu. En occasion aussi, un recul des commandes de -5 à -6 % est projeté. « Il y a une forte incertitude en particulier sur la vitiviniculture. Ceux qui s’expriment s’attendent à une baisse de commande dans le neuf d’environ -13 %. La conjoncture est plus détériorée par rapport aux autres filières ».
Les conséquences sont de ces mauvais indicateurs multiples. Dans l’immédiat, les stocks ont augmenté. C’est une préoccupation majeure de la distribution. 74 % des interrogés répondants déclarent un stock supérieur à la normale. 63 % déclarent une augmentation de leur stock de +10 % et plus par rapport à la même période en 2023. Et cela pèse sur les comptes des entreprises de distribution. Les trésoreries fondent à vue d’œil. C’est même la toute première préoccupation des distributeurs parmi toutes celles relevées par le syndicat Sedima.
Et pour cause, 55 % des répondants déclarent une dégradation de leur trésorerie depuis le début de l’année. « C’est assez nouveau, on n’avait pas cette situation ces dernières années, précise Anne Fradier, secrétaire générale du syndicat. On puise dans les réserves. Le stock est difficile à financer. Dans la vitiviniculture en particulier, il y a une grosse inquiétude. On est en pleine transformation dans la filière et il commence a y avoir des difficultés financières ». D’ailleurs à la question comment jugez-vous le moral de vos clients, dans la vitiviniculture, 69 % des distributeurs sondés indiquent qu’il est mauvais à très mauvais. Seuls 11 % déclarent un bon moral de leurs clients.
L’autre conséquence de cette chute de commandes de neuf est une bonne activité à l’atelier. Les sondés déclarent des augmentations des CA pièces magasins et atelier / SAV. Et cela va continuer. « Le taux de remplissage est important dans les ateliers. Il y a une forte activité pour faire durer les machines ».
Pour l’heure, le Sedima ne relève pas d’impact social négatif dans la distribution. « 75 % des entreprises recrutent, y compris en alternance, décrit Anne Fradier. Il y a toujours une dynamique d’embauche, essentiellement à l’atelier ». Et les difficultés de recrutement perdurent. Pas moins de 48 % des répondants admettent avoir plus de difficultés et plus qu’en 2023 pour recruter des salariés, 30 % le disent pour les apprentis.
Côté climat social, 70 % des distributeurs qui viennent de répondre à l’enquête le déclarent bon à très bon. Et 79 % des répondants disent avoir procédé à des augmentations de salaire depuis le début de l’année. En appui à son réseau, le Sedima va proposer une communication spécifique ces prochaines semaines, sur le sujet « Les métiers de la maintenance des matériels recrutent », avec le hashtag #LaTechLesPiedsSurTerre sur les réseaux sociaux. Malgré une conjoncture économique contrastée voire morose, et un optimisme tempéré, la distribution mise sur sa solidité et sur sa résilience.
* : Enquête réalisée du 03 au 21 juin auprès de 800 adhérents (1600 points de vente), avec un taux de réponse d’environ 30 %