as de place à la mollesse dans cette campagne législative éclair : chaque bloc est dans la fermeté de ses (op)positions. Dans ces débats estivaux, un sujet fait consensus après les manifestations hivernales : les principaux partis en lice se déclarent défenseurs d’une juste rémunération des produits du travail agricole en général et viticole en particulier. Après des années à ne pas se soucier des sujets agricoles, ça pivote utile en politique… Donc, quels que soient les résultats ces dimanche 30 juin et 7 juillet, pas de trouble de l’élection pour la rémunération des vignerons, elle va se redresser ? Qu’il y ait une majorité absolue des uns ou un parlement divisé pour tous, l’arrêt des ventes à pertes visé par toute la filière vin se dessine-t-il dès 2024 ? Si les candidats s’accordent sur le besoin de mieux rémunérer le monde agricole, les députés élus devraient bien pouvoir adopter rapidement une proposition de loi ou trouver un consensus, non ?
Mais le trouble de l’élection, c’est qu’il y a toujours un monde entre les engagements compris par ceux qui veulent y croire et ceux qui ont donné un cap ambitieux : consistance de l'attente préliminaire contre ébranlement dans la conclusion sur malentendu... « C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ? Du vent » prévenait La Fontaine dans La Montagne qui accouche (Fables V, 1668). Jouer avec le désenchantement agricole ayant déjà causé des étincelles ce début 2024, la déception virerait rapidement à la trahison s’il n’y avait pas d’actions rapides en cohérence avec les promesses. L’absence d’avancée reviendrait à remettre une pièce dans le jukebox de la colère agricole qui couve plus qu’elle ne se résout. De quoi lancer une nouvelle guerre des gaules ? Jules César ne pouvait se contenter d’un je suis venu, j’ai vu et j’ai déçu…
« Les finesses et les trahisons ne viennent que de manque d'habileté » tranchait La Rochefoucauld dans ses Maximes (1665), ajoutant que « l'on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par un dessein formé de trahir ». Maintenant, c'est vous qui votez.