ue d’eau ! Que d’herbe ! En cette année 2024 particulièrement humide, des stratégies de désherbage mécanique très simples peuvent s’avérer payantes moyennant quelques efforts de réglage. La preuve au Château Musset Chevalier, une propriété classée Saint-Émilion Grand cru. Ce 7 juin, nous avons suivi l’entreprise Belhomme qui est venue y mettre en route son intercep à disque sans palpeur. Une mise en route dans une situation très compliquée. Quelques dizaines de minutes, et une bonne dose d’huile de coude et de matière grise, suffiront pourtant à venir à bout de ce piège herbeux XXL.
Sous le soleil enfin revenu et dans une parcelle plane, un enjambeur GRV Laboureur 56, équipé de disques Speedway, démarre. Si l’on distingue au loin sa cabine déportée, il est plus difficile d’entrevoir le stade de végétation de la vigne tellement les rangs sont enherbés.
« Mon équipe de salariés est partie précipitamment à la mi-mars, explique Michael Duarte, responsable du vignoble du château. Depuis, j’ai eu un mal fou à trouver du personnel pour s’occuper de mes 15 ha de vignes. J’ai pu me faire dépanner pour effectuer quelques travaux, mais je me suis fait dépasser par l’herbe. »
Au secours de la parcelle du jour, Stéphane Nicoulaud est aux commandes du Laboureur de 56 chevaux. Ce viticulteur et entrepreneur auquel Michael Duarte a fait appel pour le tirer d’affaire a attelé une paire de disques interceps Speedway Belhomme aux perches latérales de son enjambeur un rang, ainsi que deux petits disques ouvreurs à l’avant. « C’est le premier passage d’outils de désherbage de l’année, explique-t-il. Les petits disques droits doivent permettre aux Speedway de bien rentrer dans ce sol qui est assez compacté. »
« Les disques inclinés Speedway sont montés sur les boîtiers hydrauliques Reflex, qui fonctionnent sans palpeur, décrit Mohamed Lahlou, responsable commercial Belhomme. Au démarrage du chantier, ces boîtiers reçoivent une pression d’huile hydraulique grâce au circuit hydraulique de l’enjambeur. Une fois la pression désirée obtenue, le circuit est coupé et les boîtiers travaillent en circuit fermé, généralement entre 100 et 140 bars. » « Comme le sol est dur, je suis aux alentours de 120 bars », précise Stéphane Nicoulaud.
Après un passage entre 6 et 7 km/h, on constate un bon travail. Les deux paires de disques ont bien pénétré dans le sol pour découper le chevelu racinaire très dense. Mais la terre n’est pas retournée. Elle reste en place. S’il devait pleuvoir les jours à venir, ce désherbage n’aurait donc servi à rien.
De plus, le recroisement pourrait être meilleur. Il faudrait pour cela décaler un des deux disques vers l’arrière, mais il manque de place sur les perches. Il faudrait se rendre à l’atelier pour modifier leur configuration et la fixation des disques.
Mohamed Lahlou suggère alors un recours plus simple : tester les socs dont Stéphane Nicoulaud dispose déjà sur place. À eux deux, ils opèrent rapidement la substitution. Ils dévissent les quatre boulons de chaque support de disque puis remplacent les Speedway par des Sarflex du même constructeur. L’enjambeur part ensuite dans le rang, à la même vitesse. Un passage qui laisse perplexe : les socs n’ont pas assez pénétré le sol et le recroisement est insuffisant. Le cavaillon n’est pas bien désherbé.
« Les petits disques à l’avant n’ont pas assez fendu le sol, juge Mohamed Lahlou. Des disques plus grands, crénelés et non incurvés, permettraient aux socs d’aller plus en profondeur. » Mais Stéphane Nicoulaud n’en dispose pas.
Comme les disques Speedway précédemment, les socs Sarflex mériteraient aussi d’être un peu décalés, l’un derrière l’autre, afin de mieux recroiser autour des souches et des piquets. Chose dite, chose faite. Les deux experts trouvent un peu de place et avancent le soc sur la perche de droite. Ils décident également de faire travailler les socs plus en profondeur pour mieux nettoyer autour des ceps. Mais avant cela, ils relèvent les disques avant : le précédent passage a révélé leur tendance à déplacer trop de terre, qu’il ne faudrait pas aggraver. Le GRV monorang repart. Cette fois, les socs bourrent.
Nos deux techniciens décident alors de rendre les socs plus agressifs en leur donnant plus d’angle. L’enjambeur repart. Le résultat s’améliore. L’herbe qui envahissait le cavaillon est scalpée, ses racines décollées. Mais le recroisement reste insuffisant pour bien nettoyer autour des ceps.
Le cinquième et dernier ajustement sera le bon. Stéphane Nicoulaud et Mohamed Lahlou décident de redescendre les disques avant qu’ils avaient relevés un peu plus tôt. Cette fois, le rendu est irréprochable : le sol est décompacté à une profondeur d’environ 8 cm. Les racines des mauvaises herbes sont mises à nu et le nettoyage autour des souches est parfait. « Les herbes vont sécher car la météo est favorable et le sol n’est pas lissé », se félicite Stéphane Nicoulaud.
Il ne reste qu’à finir la parcelle. Une bonne heure de mécanique, de réflexion et de tests aura été nécessaire pour assurer le meilleur désherbage mécanique possible d’une vraie jungle, avec un haut débit de chantier et sans palpeur. Mission impossible, mission réussie !
Au château Simard, non loin du château Musset Chevalier, Belhomme a équipé un robot Bakus de ses disques Speedway que nous sommes allés voir travailler le 7 juin. Montés eux aussi sur boîtier interceps Reflex, toujours sans palpeur, ces disques étaient légèrement décalés l’un derrière l’autre et dotés d’un angle d’attaque d’environ 60 degrés. Il n’y avait pas de dent ni de disque ouvreur, à l’avant. Le robot travaillait à 5 km/h sur une parcelle plate, ressuyée et facile à travailler. Après son passage, les rangs étaient propres. « On applique 100 bars de pression aux accumulateurs, décrit Mohamed Lahlou. Il y a un peu plus de pression sur le Speedway avant que sur l’arrière. Il s’agit du second passage de l’année, avec les mêmes disques. Il y a bien de petits bourrages mais ils sont tous évacués après quelques mètres. Cela en toute autonomie. Si tout va bien, un troisième et dernier passage de Bakus sera programmé en juillet. Cette fois à l’aide de lames, à 30 bars de pression. Après les vendanges, un passage au tracteur sera réalisé avec les disques Speedway droits, à la verticale, afin de faciliter le premier désherbage courant février ou mars de l’année prochaine. »