e suivi hivernal des pièges à spores placés dans le Médoc par la société Biology as a Solution (BaaS) n’est pas rassurant. Les conditions météo ont déjà réveillé le mildiou. « Les œufs sont à maturité et dans certaines parcelles, la pression est cinq fois plus élevée qu’en mars 2023, précise Jérémie Brusini. Dans les pièges que nous avons installés à Saint-Julien-de-Beychevelle nous capturons autant de spores qu’à la fin du mois de mai dernier ».
Le président de BaaS conseille aux viticulteurs la plus grande vigilance en début de saison. « Il serait très étonnant que le mildiou investisse de l’énergie pour produire des spores non viables. Il est probable que ces spores se disséminent et que la vigne soit attaquée par le mildiou dès les premières pluies contaminatrices, prévient-il. Chacun fait bien sûr comme il veut mais cette année il sera dangereux de s’amuser à retarder le premier traitement pour abaisser son IFT ».
Jérémie Brusini recommande de ne pas uniquement se fier aux données de maturité des œufs délivrées par les laboratoires. « Elles arrivent souvent un peu tard, estime-t-il, tandis que notre outil détecte les prémices de l'épidémie une semaine avant l’apparition des premières taches au vignoble ».
La situation semble moins tendue hors Médoc. Les niveaux de captures réalisées par BaaS sont moins élevés à Pessac et dans le reste du vignoble. « Mais nous ne suivons qu’une quinzaine de pièges. Nous sommes loin de connaître la situation dans toutes les exploitations » admet Jérémie Brusini.
Pour les équipes IFV et INRAE de Bordeaux, qui testent aussi la mesure de la quantité d’inoculum du mildiou dans l’air sur 78 parcelles, même s’il est « important d’être attentif à la dynamique de l’inoculum dans l’air lors des prochains jours et prochaines semaines en fonction du stade phénologique de la vigne observé à sa parcelle », il ne faut pas s’affoler car en 2023, « aucune corrélation significative n’a été révélée entre les mesures de sporée précoces et la date d’apparition des premières contaminations ou les niveaux d’attaque observés plus tard en saison ».