eau temps sur les vignes méditerranéennes : parfait pour la taille, et idéal pour craindre les risques gélifs d’un débourrement rapide. « Les températures sont anormalement élevées depuis la fin janvier. Même si on a souvent des journées chaudes en janvier, on devrait battre des records de températures cette année (26°C ont été enregistrés ce 4 février à Perpignan) » constate l’ingénieure agronome Stéphanie Prabonnaud, associée du Laboratoire Natoli (Saint-Clément-de-Rivière, Hérault), mais il est « difficile de prédire à ce stade les conséquences sur la vigne, encore évidemment très dormante. Et les modèles météo convergent pour annoncer un changement de temps dépressionnaire cette fin de semaine, avec installation pour la fin février d’un anticyclone frais, voire froid. »
Expert en physiologie de la vigne, le professeur à la retraite Alain Deloire est également rassurant : « pas d’affolement inutile dans les chaumières vigneronnes » , qui distingue l’endodormance (« levée par une somme de températures froides durant la période d’hiver : généralement il faut compter 8 à 10 jours non consécutifs à des températures ≤ +8°C » approximativement) qui est « en principe levée dans la majorité des régions viticoles de France » (dès fin décembre 2023) et l’écodormance dont la levée nécessite « que le sol et l’air cumulent des sommes de températures (généralement en base 10°C ou 5°C suivant les modèles de calcul) favorables pour que la vigne puisse débourrer. » Sur les thermomètres du vignoble de l’Institut Agro à Montpellier, la somme des températures en base 5°.C depuis le premier janvier (date approximative de levée d’endodormance) s’élève à 116°C au premier février, ce qui est loin des 388°C enregistrés lors du débourrement de la syrah au premier avril 2023 : « donc on est loin du compte ! »
« Pas d'inquiétude pour la vigne de ce que j'ai pu voir également » confirme le docteur Serge Zaka, l’agroclimatologue pointant cependant des signes inquiétants sur arbres fruitiers précoces (abicots, amandes, pruniers...). Pour la vigne, c’est « à suivre cependant d'ici la fin février, car la vigne cumule pas mal de chaleur tout de même ». Pour Stéphanie Prabonnaud, « notre préoccupation principale à ce stade reste bien plus le manque d’eau qu’un débourrement trop précoce, avec une situation hydrique très préoccupante pour le démarrage de la végétation, sans réserve dans les sols de nouveau cette année. » Comme le rappelle le professeur Alain Deloire, « il faut aussi tenir compte de la teneur en eau du sol. En effet en sol sec le débourrement est partiellement perturbé voire inhibé ».