u regard de la résurgence de la flavescence dorée dans notre vignoble depuis 2021 (…) avec aujourd’hui trois foyers en cours de gestion, il faut tout mettre en œuvre pour éviter qu’elle ne se développe davantage », a insisté Hervé Choblet, vigneron à Bouaye (Loire-Atlantique) et élu à la commission technique d’Interloire. C’est la raison pour laquelle l’interprofession a dédié son « Rendez-vous Techniloire », ce jeudi 25 janvier à Saumur, aux dernières découvertes sur cette maladie.
Dans le Val de Loire « la pression monte », a ajouté Charlotte Mandroux, en charge de la communication technique à Interloire et référente PNDV (plan national dépérissement du vignoble) pour le Val de Loire. Si la présence de la flavescence dorée dans la région ne date pas d’hier, les premiers foyers ont été circonscrits. Le premier cas de flavescence dorée a ainsi été découvert en 2001 en Vendée dans une pépinière. Il a rapidement été éradiqué. Puis en 2013, c’est à Panzoult en Indre et Loire qu’un deuxième foyer est mis à jour. Suivi d’un troisième en 2016 à Vouvray. Ils ont été éradiqués grâce à la lutte obligatoire. Mais en 2021 patratas, deux foyers sont découverts à Saint Nicolas de Bourgueil et Restigné (Indre et Loire). Puis un autre en 2022 à Chacé (Maine et Loire). Des foyers qui ont grossis l’an passé, celui d’Indre et Loire passant de 56 parcelles concernées en 2022 à 78 en 2023. Celui du Maine et Loire s’étendant plus faiblement.
A cela s’ajoute la découverte d’un cas en Loire Atlantique. Cas aujourd’hui éradiqué. Face à la situation « les acteurs du Val de Loire se mobilisent, en premier lieu au travers des prospections », a insisté Charlotte Mandroux. En Centre-Val de Loire 10 % du vignoble fait ainsi l’objet d’une surveillance par les vignerons. En Pays de Loire, 2 % du vignoble a été prospecté en 2023. En 2024, ce sera 5 %. La profession met également le paquet sur la formation avec 1200 acteurs du vignoble formés en 2023 et 4 000 fiches de reconnaissance des symptômes distribuées.
L’enjeu est de taille car avec le réchauffement climatique, la cicadelle Scaphoïdeus titanus, le vecteur de la flavescence dorée dans les vignes devrait trouver des conditions particulièrement favorables à son développement dans le Val de Loire. C’est ce qu’a expliqué Baptiste Sneiders, un ingénieur Suisse, spécialiste des Dangers naturels. Le chercheur a étudié l’impact du réchauffement sur S. titanus en Suisse en faisant des simulations selon deux scénarios (réchauffement de +2 ° et de +4 °C). Il ressort de ses simulations que le réchauffement va favoriser la survie des cicadelles dans les vignobles situés plus au nord et en altitude. Et à l’inverse pourrait être délétère dans ceux du Sud (les œufs craignant les températures supérieures à 30 °C et les adultes celles supérieures à 40°C). Le réchauffement aurait également un effet sur le cycle de l’insecte avec des pontes plus précoces et un raccourcissement du cycle avec dans certaines situations la survenue d’une deuxième génération.
Selon le chercheur, s’il est difficile de comparer la Suisse et le Val de Loire, on peut toutefois supposer que dans le Val de Loire, le réchauffement pourrait provoquer des éclosions et des infections plus précoces (une semaine d’avance), sans pour autant qu’il y ait de deuxième génération. La région deviendrait donc particulièrement favorable au développement de l’insecte.