n n’attendait pas nécessairement une prise de parole de l’intersyndicale CGT du Champagne sur l’arrêt de l’usage des herbicides dans les vignes de certaines maisons de négoce. Un communiqué de presse daté du 27 juin a dénoncé « l’imposture écologique de l’arrêt des herbicides ». Il débute en faisant un point sur la gestion de l’herbe, qui a été difficile dans de nombreuses parcelles : « Ce mois de mai 2023 fut le théâtre d’une invasion de l’herbe sans précédent dans les vignes, en particulier dans les vignobles des grandes Maisons qui ont renoncé à l’usage de désherbant pour des raisons écologiques, peut-être, pour des raisons commerciales, sûrement. Pour les ouvriers vignerons, cette invasion de l’herbe a occasionné et occasionne encore une pénibilité supplémentaire qui vient s’ajouter à celle des sols accidentés, détériorés par le travail du sol et celle des fortes chaleurs ».
Contactée par Vitisphere, la CGT Champagne précise qu’elle n’est pas contre l’arrêt de l’usage des produits phytosanitaires : « C’est une bonne chose d’utiliser moins de phytos. Mais le zéro désherbant en 2025, c’est avant tout une démarche marketing. Cela a été très mal préparé. Et il faudrait que cela ne coûte rien ! Ce sont les salariés qui sont dans les vignes qui subissent de plein fouet le surcroit de pénibilité. Avec le travail du sol, les sols sont défoncés et nous ne pouvons plus utiliser nos chariots. Nous sommes contraints de travailler debout. Cette année, l’ébourgeonnage a été difficile à réaliser car l’herbe était haute. Cela va générer du travail en plus pour la prochaine taille, mais on nous demandera le même rythme. Nous demandons que les directions modifient les rythmes de travail et embauchent du personnel en intégrant que les tâches prennent désormais plus de temps. Il faut également mieux former les décideurs et les opérateurs pour intervenir à bon escient en fonction de la météo ».


Pour David Chatillon, président de l’Union des maisons de Champagne (UMC), « le communiqué de presse de la CGT touche du doigt que rien n’est tout blanc ou tout noir. Nous voulons tendre vers le zéro herbicide, mais quand on bouge un curseur, il y a parfois des effets préjudiciables ailleurs. Le zéro herbicide et la certification de 100 % des exploitations restent les objectifs de l’interprofession. Mais nous ne souhaitons laisser personne au bord du chemin, salariés comme vignerons. Le budget de l’interprofession va être augmenté de 50 %. Et la moitié de cette augmentation sera fléchée vers la technique pour accompagner la filière à tenir ses objectifs ».