irène éteinte ? Ce 13 décembre, des représentants des familles Albada Jelgersma et Tari annoncent signer la cession par la seconde à la première des actifs du Groupement Foncier Agricole (GFA) du château Giscours (troisième grand cru classé en 1855 de Margaux). La fin d’une saga judiciaro-familiale de 28 ans ? « La Famille Albada, par l’intermédiaire de la Société d’exploitation du Château Giscours (SECG), a acheté tous les actifs du GFA de château Giscours et ainsi toutes les terres composant la propriété » résume Alexander van Beek, qui dirige le château Giscours et la propriété toscane de la famille Albada Jelgersma (Caiarossa). « Cette acquisition à été signée par les deux liquidateurs du GFA, tous deux membres de la famille Tari. Le GFA détenu par l’ensemble de la famille Tari n’a donc plus d’actif viticole et devrait poursuivre ses opérations de liquidation » poursuit le dirigeant du château Giscours. Des affirmations contredites par des membres de la famille Tari.
Dans un communiqué réagissant à une première version de cet article (intitulé "Fin de Dallas en Médoc avec l’acquisition à 100 % du château Giscours"), Nicole Tari et ses enfants (possédant plus de 50 % du GFA) indiquent que « la prétention de la famille Albada de détenir des parts qui lui auraient été cédées par Pierre Tari n’est actée par aucune preuve légale. Le GFA est en liquidation. Les liquidateurs n’ont pas le pouvoir de procéder à la vente des parts. Ont-ils procédé à la vente du foncier ? Mme Nicole Tari et ses enfants ne sont pas informés. Des procédures entre madame Nicole Tari et ses enfants pour faire valoir leurs droits d’associés à plus de 50 % sont en cours, notamment devant la Cour d’appel de renvoi de Toulouse. »


« L’information d’une vente de 100 % de Giscours est erronée, sauf si par magie j’en avais été exproprié à mon insu » réagit également Nicolas Heeter, propriétaire de parts du GFA, ajoutant que « de plus, des décisions judiciaires exécutoires interdisent toute vente, qu’il s’agisse de parts sociales ou d’actifs ». Pour Alexander van Beek, « la Société d’Exploitation du Château Giscours (100% Albada) a acheté l’intégralité des actifs du GFA, mais pas ses parts. Le GFA est donc vidé de sa substance et va poursuivre sa liquidation. »
Acquis en 1995 par le défunt Eric Albada Jelgersma (magnat de la grande distribution en Europe du Nord disparu en 2018), la société d’exploitation et les deux tiers du foncier du château Giscours étaient gérée par sa famille néerlandaise, mais le GFA appartenait encore pour partie à l’ancienne famille propriétaire, les Tari (le domaine ayant été acheté en 1952 par Nicolas Tari). S’étalant sur deux générations (dont Guillaume Tari actuellement), avec des périodes d’apaisement et de fortes tensions, le conflit pour le contrôle du GFA s’était ravivé avec l’échéance du bail de fermage ce 31 décembre 2023, alors que plus de cent procédures ont été ouvertes depuis 1995, comme le rapportait la Revue du Vin de France. Histoire de famille oblige, de nouvelles procédures judiciaires pourraient donc réactiver les conflits entourant Giscours.
Indiquant être désormais piloté par les enfants d’Eric Albada Jelgersma, soit Dennis, Derk et Valérie Albada Jelgersma, le château Giscours veut se projeter sur de nouveaux projets. Longtemps évoquée, la rénovation des chais de la propriété pourrait se concrétiser alors que la famille Albada Jelgersma s’est recentré dans le Médoc sur le seul château Giscours (avec la cession du château du Tertre en 2021).
La famille Tari a également réduit son enracinement viticole en 2022, avec la vente du domaine de La Bégude (Bandol).