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2023 n’est pas une bonne année, déclare Philippe Astoin, directeur de la division agricole de Pellenc ce 19 octobre en conférence de presse. Mais c’est une année où l’on ne perd pas de parts de marché. On observe que c’est tout le marché qui s’écroule. C’est donc compliqué pour nous ». Et la mauvaise nouvelle est globale, sur de nombreux marchés agricoles et viticoles dans lesquels Pellenc s’est investi. En cause, selon le groupe industriel provençal, « l’équipement réalisé ces dernières années chez les viticulteurs a été conséquent. S’ajoutent la sécheresse en Méditerranée, l’augmentation du coût des machines, les durées de financement qui s’allongent de deux ou trois ans, l’augmentation des taux d’intérêts de financement et un contexte économique incertain. S’il n’y a pas de besoin urgent, les exploitants attendent ». Pour la viticulture, Pellenc admet cependant que la vigne étroite amortit le choc.
Mais de l’aveu même du groupe industriel, les difficultés risquent de durer encore en 2024. « Il y a un facteur psychologique important dans les décisions d’investissement, précise Simon Barbeau, directeur général du groupe. Les taux d’intérêt notamment sont remontées après plusieurs années où tout le monde s’est habitué à des niveaux bas. Il y a un temps d’adaptation et une prise de conscience pour accepter ces nouveaux niveaux de taux qui ne vont pas rebaisser de suite ». « On s’était préparés à une activité plus importante », confie Philippe Astoin. Mais le groupe reste optimiste pour les années à venir, et maintien son objectif de croissance de 30 % d’ici 2027. « On vise du développement long terme, précise Simon Barbeau. On a beaucoup de projets dans les cartons… ».
Avant de connaître les difficultés des différentes économies dans lesquelles s’inscrit le constructeur de Pertuis, notamment en arboriculture et en viticulture, dans le monde, Pellenc annonce tout de même avoir réalisé 346 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2022, contre 306 millions d’euros en 2021. Et le groupe ne compte pas en rester là . « Nous nous donnons un objectif de croissance de 30 % en 4 ans », précise Simon Barbeau. Ce qui fera passer au groupe la barre des 400 puis des 500 M € de CA.
Comment, grâce à quels leviers Pellenc compte passer ce cap ? D’abord en investissant. Pellenc vient d’injecter 10 millions dans la création d’une usine au Portugal et dans la modernisation de ses autres outils de production – 7 autres usines en Europe. Ensuite Pellenc veut continuer d’innover. Preuve en est, le constructeur a vu plusieurs de ses projets retenus dans la sélection des Sitevi Innovation Awards. A commencer par le robot RX20 et la pulvérisation électrique E-Sprayer. « L’objectif est que le robot devienne un campagnon, un complément au tracteur, sans le remplacer, pour effectuer des tâches répétitives comme le désherbage mécanique du rang ou de l’inter rang », précise Philippe Astoin.
Mais ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg « R&D » du groupe Pellenc, qui annonce investir chaque année 7 à 8 % de son CA dans le développement de nouveaux produits. « La viticulture est un axe majeur de notre diversification, présente Simon Barbeau. On veut par exemple aller plus loin dans le développement des matériels de cave. Il y a de nouveaux enjeux de consommation comme le « low alcool » ou le zéro alcool, qui impliquent de nouveaux équipements et accompagnements d’ingénierie en cave ». Simon Barbeau avoue également qu’un projet ambitieux est en cours de développements sur les outils à batterie. Mais il n’ira pas plus loin dans la confidence. De son côté, Philippe Astoin glisse qu’une machine de TRP plus abordable est à l’étude. La multifonction combinée est aussi en train d’être poussée. « L’objectif est de rendre ce couteau suisse encore plus polyvalent, de faire plus d’heures encore au porteur pour baisser son coût d’utilisation, faire aussi moins de passages à l’hectare ».
Pour continuer à innover, à se diversifier et à consolider le CA, l’un des axes de travail devenus cher à Pellenc est aussi d’améliorer la durabilité des produits. En cela, le fabricant a obtenu une certification européenne « long time » pour quatre de ses produits. « On veut aller plus loin, déclare Simon Barbeau. Notamment sur la décarbonation de notre production et de nos produits. Nous travaillons notamment sur le cycle de vie et le reconditionnement des outils à batterie ». Pellenc se veut visionnaire tout en s’inscrivant dans les enjeux sociétaux actuels de durabilité et de RSE. Mais le constructeur garde aussi les pieds sur terre. Pour atteindre les 400 M € de CA il consolide son business model de fabricant et de distributeur. Outre ses 4 filiales françaises en Bourgogne, Champagne, Bordeaux et Languedoc, l’expansion internationale continue. Il dispose de 21 filiales en tout, dans le monde. La dernière vient de naître pour le Benelux en 2023. Le sudiste ne perd pas le Nord.
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