e 21 octobre, le Tribunal de Commerce de Paris examinait les plans de redressement diffusés il y a tout juste un mois par les sociétés Héraclès (1855.com) et Arés (châteauonline.fr). Ces projets doivent régler les passifs de ces entreprises, essentiellement dus au système de ventes de Bordeaux primeurs à découvert. Au terme de l'audience, le délibéré a été reporté à la fin novembre (prolongeant mécaniquement la période d'observation). D'après les documents sur le passif fournis par le mandataire aux créanciers (lors de la procédure de consultation), le groupe estime que ses créances s'élèvent à 8 millions d'euros. Mais les créances déclarées atteindraient 42 millions €, dont 25 millions € de créances pour les clients de 1855 et 11 millions pour ceux de châteauonline.fr ayant versé un acompte sans avoir été livrés. Un décalage qui pourrait empêcher l'homologation de ces projets, l'arrêt de la cour du commerce du 13 mai 2014 stipulant (en se basant sur l'article L 626-21 du Code du Commerce) que « le plan de continuation doit prévoir le règlement de toutes les créances déclarées, même si elles sont contestées ». Dans ce contexte, le mandataire judiciaire (Stéphane Gorias, BTSG) et l'avocate bordelaise Hélène Poulou (représentant 350 clients lésés, pour un montant de créances s'élevant à 4,5 millions € selon le Huffington Post) ne peuvent cacher leurs doutes face à la viabilité de ce plan de redressement.
Envoyé aux 11 000 créanciers du groupe (à 85 % des « créanciers-clients-primeurs » ), ce plan de redressement se résumait à une proposition de remboursement à 100 %, mais étalée sur un délai de huit ans*. En dehors de ce plan, une seconde proposition a également été envoyée à certains clients n'ayant pas reçu leurs commandes de vins primeurs : un rachat de leur créance en vins (pour les dettes supérieures à 300 €, mais inférieures à 5 000 €) ; une alternative en nature qui se limite à une seule référence du millésime 2012 du château les Eyraux (appellation Bordeaux supérieur). « La bouteille nous est indiquée à une valeur sortie de propriété de 9,95 euros, mais on la trouve à 5,5 € en grande distribution... » nous confie un client dépité de 1855.com « Nous nous sommes vraiment fait avoir comme des bleus, ça tourne à une gigantesque arnaque » soupire-t-il, désabusé.
A noter que cette « proposition de rachat de créance sur Héracles sous forme de livraison de bouteilles de vins » n'était pas pilotée par le mandataire judiciaire BTSG, mais par la société à actions simplifiées BGV. Cette filiale a rejoint discrètement la galaxie des sociétés Héraclès (1855.com, chateauonline.fr, Caveprivée.com et les Caves de la Transat). Le groupe Héraclès n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
* : Les annuités de l'échéancier de remboursement proposé sont les suivantes, 5 % la première année, 5 % la deuxième, 5 % la troisième, 7 % la quatrième, 15 % la cinquième, 20 % la sixième, 21 % la septième et 22 % la huitième. Pour les créances inférieures à 300 €, le remboursement serait immédiat.
[Illustration : aperçu du mail de « proposition de rachat de créance sur Héracles sous forme de livraison de bouteilles de vins » envoyé par BGV aux créanciers d'Héraclès]