"Le marché russe du vin n'est pas aussi prometteur que celui chinois, mais son potentiel est...

Le marché russe du vin sous le coup de la faiblesse du rouble, le repli économique... voire d'un boycott ?

orsque la Fédération de Russie a annoncé le boycott d'une série de produits agro-alimentaires européens et américains (mesure de représailles suite aux sanctions occidentales face au conflit en Ukraine), « des Russes se sont inquiétés que le flux de vins européens soit coupé » rapporte le Moscow Times. Pour le moment, les vins et eaux-de-vies n'ont pas été intégrés aux mesures de rétorsion, pour le plus grand soulagement des consommateurs russes, ainsi que celui des opérateurs de la filière (à l'exception de vignerons de Crimée qui appellent au boycott). Il faut dire que le marché russe reste en pleine expansion, y compris au Kremlin, où malgré les tensions géopolitiques le service présidentiel ayant acheté plus d'un million de bouteilles de vins européens sur le premier semestre 2014 (+26 % par rapport à la période précédente).

« Si la Russie fait beaucoup parler d'elle politiquement, la filière du vin a tendance à la sous-estimer » estimait récemment Graham Holter, directeur de la publication pour Wine Intelligence. « Le marché russe du vin n'est pas aussi prometteur que celui chinois, mais son potentiel est énorme » tempère la revue espagnole Vinetur. D'après les dernières statistiques de l'OIV, la Fédération de Russie aurait consommé 12,7 millions d'hectolitres de vins en 2013 (+1 % par rapport à 2012). Selon les données de l'IWSR, si la vodka reste la boisson alcoolisée par excellence, les vins affichent le plus important taux de croissance du secteur. S'élevant à 8 milliards de dollars, ce marché est dominé par les vins importés (60 % des volumes selon les estimations), le vignoble russe ne permettant pas l'autosuffisance. Les vins européens représenteraient le quart de la consommation russe totale, les premiers fournisseurs étant la France, l'Italie et l'Espagne.

Déprécié suite à la crise de Crimée et au ralentissement de l'économie russe, le rouble reste faible par rapport à l'euro et laisserait même prévoir un contre-coup sur les importations russes de vins : « les prévisions pour 2014 sont moins optimistes qu'en 2013 pour la gamme des vins premiums » rapporte Vinetur.

 

 

[Illustration : Musée du Kremlin]