e gage d'une escroquerie réussie, même après en avoir récupéré l'argent, c'est de ne pas la laisser s'éventer conseillait Paul Newman dans l'Arnaque. Un avertissement des plus pertinents quand on voit comment le frauduleux édifice de Rudy Kurniawan s'est effondré, son prolifique réseau de contrefaçon de grands vins étant tombé comme un château de carte grâce à la persévérance d'un vigneron bourguignon, Laurent Ponsot (Clos de la Roche), comme le rapportait la RVF. Devenu le plus célèbre contrefacteur de grands crus (un documentaire est en production, les rumeurs d'une adaptation cinématographique sont persistantes), Rudy Kurniawan avait été arrêté par le FBI en Californie il y a deux ans. Il comparaissait à son procès depuis la fin décembre 2014, pour avoir vendu à de richissimes collectionneurs de fausses bouteilles de grands vins (notamment du Domaine de la Romanée Conti, qui comptent parmi les plus chères au monde, comme en atteste le dernier top 50).
Marquée par des reports à répétition, la dernière audience a débouché sur une lourde sentence : 10 ans de prison, 28,4 millions de dollars de remboursement à 7 de ses victimes et 20 millions $ d'amende. Le juge de la cour fédérale de Manhattan, Richard Berman, a ouvertement souhaité faire une exemple de Rudy Kurniawan. Ce qui en fait un jugement disproportionné pour son avocat, Jérôme Mooney, qui soulignait pendant l'audience qu'une victime avait dépensé 231 000 $ dans un flacon, « il ne devrait pas y avoir de bouteille de vin qui coûte aussi cher. Cela fausse la perception du préjudice réalisé. Personne n'est mort. Personne n'a perdu ses économies » rapporte le Wall Street Journal. Rudy Kurniawan perdra quant à lui ses collections de montres Patek Philippe et de tableaux contemporains (notamment de Damien Hirst). Citoyen indonésien il devrait quitter les Etats-Unis une fois sa peine achevée.
[Illustration : aperçu de Rudy Kurniawan lors de son procès, par l'artiste Jane Rosenberg]