Du tac au tac, dites non au toc » clamait la dernière campagne anti-contrefaçon des Douanes. Mais encore faut-il pouvoir discerner la copie de l'original. Lorsqu'il s'agit de vins mythiques, aussi légendaires par leurs millésimes introuvables que par leur tirage limité, l'amateur n'a pas toujours tous les éléments pour pouvoir en juger. Telle était la faille sur laquelle Rudy Kurniawan a bâti son empire de contrefaçon. Produisant les vins de garage directement dans sa cuisine, le collectionneur américain a réussi à se faire accepter dans le cercle fermé des maisons de ventes et à organiser de spectaculaires enchères. Surnommé le Docteur Conti, le prestidigitateur, qui transformait un vin de table en un cru prestigieux, a été mis à jour suite aux doutes de propriétaires de grands crus de Bourgogne face à des bouteilles suspectes. Ce qui a déclenché une perquisition du domicile californien de Rudy Kurniawan et la saisie de plus de 250 vins en cours de falsification (ils seraient tous issus d'assemblages, comme la majorité des vins vendus par lui aux enchères rapporte Decanter).
Débuté ce lundi, son procès à la cour fédérale de Manhattan (état de New York) a vu se presser les preuves de contre-façons ("des éléments à charge accablants" rapporte la RVF), ainsi que les propriétaires des domaines copiés, notamment Aubert de Villaine (domaine de La Romanée Conti), Laurent Ponsot (domaine Ponsot) et Christophe Roumier (domaine Georges Roumier). Comme le rapporte le Wine Spectator, le premier s'est gaussé d'avoir entre les mains autant d'étiquettes de vins qui n'existent plus (millésimes 1900, 1906...), les deux autres démontrant que les vins vendus sous leurs étiquettes n'existaient pas (Clos Saint-Denis avant 1982 pour le domaine Ponsot et Domaine Belorgey avant 1952 pour le domaine Georges Roumier).
[Illustration : dessin du procès Kurniawan, Jane Rosenberg (New York Dailly News)]