abitué au statu quo, le dossier de la délégation des nouveaux noms de domaines internet en « .vin » et « .wine » a passé un nouveau sommet de l'ICANN (l'organisme intergouvernemental de gestion des noms de domaines web) sans qu'aucune issue n'ait pu être négociée. Malgré des coups d'éclats, notamment français, les lignes n'ont pas bougé entre les tenants d'une délégation sans condition (Australie, Etats-Unis et Nouvelle-Zélande) et les défenseurs d'une protection des Indications Géographiques (l'Union Européenne et des pays d'Amérique latine). En arrivant le mois dernier sur le devant de la scène politique et médiatique, le dossier des « .vin » et « .wine » a interpellé les opérateurs du vignoble américain, qui commencent aussi à craindre une mise aux enchères des noms de domaines reprenant des appellations géographiques et dénominations collectives.
Désormais transatlantique, le front d'opposition à une délégation sans protection des « .vin » et « .wine » accueille des organisations professionnelles californiennes (Napa Valley, Paso Robles, Santa Barbara, Sonoma Valley...) et du reste des Etats-Unis : Long Island, Oregon... « Les extensions sont inutiles et vont augmenter les coûts pour établir et maintenir le dépôt des marques pour les entreprises familiales de petite et moyenne taille en Oregon » estimait ainsi l'Association des Vignerons de l'Oregon en interpellant son sénateur, Ron Wyden (parti Démocrate), lui demandant « de tout faire pour enterrer définitivement les extensions .vin et .wine ». Ces arguments trouvent désormais un relai auprès des élus américains, comme le membre du Congrès Steve Israel (New York), qui a envoyé une lettre au docteur Steve Crocker (président du conseil de l'ICANN) ce 14 juillet, pour lui demander de « veiller à ce que les Indications Géographiques soient protégées de manière appropriée durant le processus [d'extension] ».
Se réjouissant de ces ralliements, la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées espère que cette mobilisation poussera le gouvernement américain à revoir sa position intransigeante. Actuellement, la CNAOC porte surtout une procédure de concialiation avec l'ICANN, un « cooperative engagement » selon la terminologie administrative (la Commission Européenne suivrait également une telle démarche). Les échanges en cours ont l'avantage de suspendre, au moins temporairement, le processus de délégation des extension aux sociétés privées candidates (Donuts Inc. pour « .vin », Afilias, Donuts et Famous Four Media pour « .wine »). En cas d'absence de compromis, il ne resterait plus comme option qu'une procédure contentieuse (ou « Independent Review Panel; IRP »), qui s'annoncerait aussi longue que coûteuse, pour une issue incertaine devant la juridiction américaine.
La mise en ligne d'une extension « .XXX » pour les sites "adultes" avait ainsi débouché sur le veto d'un IRP en juin 2008 (au terme de trois ans de débats), décision qui a été remise en cause en mars 2010, cette extension étant finalement mise en ligne depuis avril 2011.
[Photo : Steve Israel ce 14 juillet (Israel House Gov)]