La clarification de la Loi Evin c’est maintenant qu’il faut en parler ! » claironne Joël Forgeau, le président de l'association Vin et Société, qui monte au créneau en prévision de la loi de Santé Publique, prochainement présentée par Marisol Touraine, la ministre des Affaires Sociales et de la Santé. Espérant répéter le succès de la campagne « cequivavraimentsoulerlesfrançais », Vin et Société rentre donc dans le vif du débat avant qu'il ne commence, craignant depuis des mois un durcissement des mentions sanitaires et de la loi Evin (notamment sur internet et les réseaux sociaux). Loin de demander l'abolition pure et simple de la loi 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre l'alcoolisme, le porte-parole de la filière viticole demande de « revenir à l’esprit originel de la Loi Evin : encadrer la publicité et protéger les populations à risque ». Car la loi Evin reste d'abord connue pour ses ambiguïtés et approximations, comme en témoigne l'avocat Olivier Poulet, selon qui il s'agit d'un « texte rédigé de telle manière à laisser la place à l'interprétation, en ne définissant pas avec précision des termes (publicité, affichage...), ou en abordant des thèmes très généraux (mode de consommation). Au final, la marge de manœuvre est laissée au juge. »
Souhaitant ouvrir le dialogue avec les parties en présence, Vin et Société demande de « clarifier les frontières entre ce qui relève d’une part de la publicité, d’autre part de l’information journalistique, du divertissement, de la création artistique et culturelle »* et propose de ne diffuser que « des messages de consommation responsable dans les publicités (information et communication sur les repères de consommation, action de prévention et d'éducation) ». N'oubliant pas de présenter le bilan décevant de 23 ans de loi Evin (baisse de la consommation de vins, augmentation des comportements à risque), cette campagne joue la carte de la pédagogie en appellant au bon sens (comme dans la présentation en deux minutes des enjeux, vidéo ci-dessous), sans être dénuée d'humour, avec l'appel à la rescousse de Claude Evin, le rédacteur de la loi éponyme : « revenez M. Evin, votre loi on n'y comprend rien » . Cette mobilisation est soutenue par des parlementaires (notamment François Patriat, sénateur de Côte-d'Or, qui « regrette d'avoir voté la Loi Evin »), des journalistes (comme le chroniqueur Dominique Hutin de France Inter), des vignerons (Jean-Michel Chartron à Puligny Montrachet)... Ainsi que toute personne souhaitant participer au débat sur le site dédié.
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* : cette demande fait notamment suite aux condamnations d'articles de presse (comme celui de Paris Match pour la mise en scène du champagne Moet et Chandon), qui « au-delà de la regrettable confusion entre publicité et journalisme [conduisent] également à un phénomène d’autocensure croissant » regrette le communiqué de Vin et Société.
[Illustration : Vin et Société]