la stupeur de la filière, le modèle français de distillation obligatoire des sous-produits de vinification avait été remis en cause par l'inégalité de traitement entre régions viticoles, une zone blanche bénéficiant d'une dérogation aux prestations viniques (pour 5 % du tonnage national de sous-produits vinicoles). S'opposant à la fin de 70 ans d'apports obligatoires, représentants professionnels et politiques ont plaidé pour le maintien d'un modèle agroécologique ayant fait ses preuves, tout en nuançant les résultats des méthodes alternatives de traitement des sous-produits vinicoles (notamment les incertitudes environnementales du compostage et de la méthanisation des lies). Rien n'y a fait, le projet ministériel de décret, présenté en décembre dernier, prévoit d'autoriser l'épandage et le compostage des marcs à la propriété, le compostage des marcs et lies en centre spécialisé, ainsi que la méthanisation des marcs et lies. Soumise au vote consultatif du dernier Conseil Spécialisé Vin de FranceAgrimer de 2013, cette proposition n'avait pu dégager aucune majorité.
Il revenait donc au ministère de l'Agriculture de trancher sur l'avenir des prestations viniques, qui a préalablement remis à l'ordre du jour du dernier Conseil Spécialisé Vin (ce 19 mars) la question des traitements des sous-prouits, avec une proposition d'arrêté déclinant le projet de décret. Soulignant que la proposition d'arrêté ne précise ni les sanctions, ni les modalités de contrôle, les représentants de la filière ont obtenu le report de l'avis du Conseil Spécialisé sur ce projet, malgré l'insistance pressante de l'administration. La décision ne serait pourtant décalée que d'un temps, le ministère souhaitant que le vote soit réalisé avant le prochain Conseil Spécialisé (prévu le 16 avril), et propose un vote électronique pour se faire. La tenue dans les prochaines semaines d'un groupe de travail collégial sur les sous-produits de vinification pourrait mettre un terme à ce dialogue de sourds.
[Photo : Marcs de raisin, IFV]