ouvent réduit à une succession de stands gastronomiques, de rings bovins et d'animations folkloriques, le Salon International de l'Agriculture ne se résume pourtant pas à une simple opération de communication vers le plus grand public. Le rendez-vous parisien est également l'occasion de focaliser l'attention politique, ce que le vignoble français a désormais bien saisi. Aussi convenu soit-il, l'exercice de l'inauguration officielle est l'occasion idéale pour demander le soutien, et chercher la reconnaissance, du gouvernement. Ce 23 février, l'inauguration du Salon de l'Agriculture a ainsi permis aux représentants de la filière vin d'interpeller le président de la République, lui demandant de mettre un terme aux enquêtes chinoises anti-dumping et anti-subvention. Se disant déterminé à débloquer diplomatiquement la situation, le président François Hollande a cependant précisé ne pas vouloir prendre le risque de brusquer son homologue chinois, alors que le cinquantième anniversaire de la reconnaissance de la République Populaire de Chine par la France offre un cadre propice aux négociations.
« Il faut faire avancer les choses, pas les faire reculer » confirmait le lendemain Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, lors de l'inauguration du Pavillon des Vins. Face à lui, un aréopage de présidents et directeurs d'interprofessions (Bordeaux, Champagne, IGP d'Oc...) et d'organisations professionnelles (Vin & Société, Jeunes Agriculteurs...) présentait un front uni et des oreilles grandes ouvertes. Le ministre leur a surtout rappelé qu'il attendait d'eux un plan d'orientations et d'action pour début juin* : « à partir de beaucoup de décisions (Organisation Commune du Marché Viti-Vinicole, droits de plantation...), il faut continuer les discussions ». Saluant les « avancées positives » des Mesures Agro-Environnementales spécifiques à la viticulture (annoncées lors du dernier Sitévi), il a notamment évoqué la future gestion des autorisations de plantation (« nécessitant un arbitrage entre les vins à Indication Géographique et ceux sans Indication Géographique ») et l'enrichissement des vins (ayant « causé des conflits importants fin 2013 »). Sur ce dernier point, le ministre s'est dit prêt à ouvrir des négociations pour rétablir le financement européen de l'enrichissement par Moûts Concentrés, afin d'harmoniser les situations entre régions. Il a ainsi répondu à la demande de Jérôme Despey (président du Conseil Spécialisé Vin de FranceAgriMer), qui précisait « ne pas demander des moyens financiers supplémentaires, ils sont déjà dans l'enveloppe nationale, mais une simple autorisation ».
Président du Comité National des Interprofessions des Vins, Jean-Louis Salies a dû se contenter d'une réponse plus nuancée à sa demande, au nom de la filière, d'un débat national sur la consommation raisonnable des vins, pour ne pas dévaloriser « la fierté d'une filière, reconnue internationalement ». Reconnaissant bien dans le vin une « filière d'excellence qui lie la France à son histoire », le ministre continue cependant d'assumer « que le vin ne soit pas revendiqué [uniquement] comme un produit culturel et historique, ou seulement ramené à un enjeu de santé publique. Il n'y a pas d'opposition entre les politiques de santé et de valorisation. » Stéphane Le Foll (photo) s'est ainsi placé « au-delà des modifications législatives », notamment l'adoption, ce 19 février, d'un amendement reconnaissant la vigne et du vin comme parties intégrantes du patrimoine national dans le cadre du vote de la loi d’avenir pour l’agriculture.
* : le Conseil Spécialisé Vin de FranceAgriMer vient d'ores et déjà de lui remettre un rapport d'étape.