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l y a tout juste un an, le Japon faisait face à un séisme de magnitude 9 déclenchant un tsunami, puis un incident nucléaire majeur. Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que le marché japonais du vin accuse un fort ralentissement, « l’activité est au contraire encore plus soutenue, voire même en progression sur l’année pour les vins de Bourgogne » selon Christian Ciamos (directeur commercial de la maison bourguignonne Albert Bichot). « Ce qui nous a le plus surpris, c’est que 15 jours après ces catastrophes les Japonais revenaient déjà vers nous pour reprendre les projets que nous avions amorcé auparavant. Alors que nous n’osions même pas leur parler affaires ! »
Les acteurs bourguignons ont en effet été surpris par la capacité japonaise à rebondir aussi rapidement. Si la demande japonaise a chuté pendant les deux mois qui ont suivi le séisme de la côte Pacifique, la reprise a été rapide et encore plus soutenue. Philippe Longepierre (directeur des marchés et développement pour le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) le confirme : « en 2011 le Japon est resté le troisième marché en valeur pour les vins de Bourgogne, représentant 9,8 % des volumes bourguignons exportés. C’est pour nous un marché historique et stable depuis 10 ans. » En 2011, d’après les données du BIVB, 8,63 millions de cols bourguignons ont été expédiés vers le Japon (+12 % par rapport à 2010), représentant une valeur de 85,02 millions euros (+20 %) et un prix moyen de 9,84 € par col (+7 %).
Malgré les événements dramatiques, le Japon reste donc pour la Bourgogne son principal marché mature, notamment en Asie. Christian Ciamos ajoute que « l’on parle beaucoup de la Chine, mais même avec les récentes augmentations, la Chine représente pour la Bourgogne le dixième du marché japonais. Et le consommateur chinois est bien loin de la maturité de celui japonais. Depuis le déclic de 1998, le vin est devenu un réflexe de convivialité au Japon, remplaçant les sakés et whiskies. Suite aux catastrophes, on remarque cependant une modification du comportement de consommation des japonais. Ce sont les ventes pour la consommation à domicile qui augmentent, tandis que celles en CHR diminuent. Ils ont un état d’esprit différent, ils sont plus souvent chez eux, mais ils continuent à vivre et à organiser des soirées dans leurs foyers. »
Les liens entre la Bourgogne et le Japon ont non seulement résisté au tsunami du 11 mars 2011, mais se sont encore renforcés. Les professionnels japonais ont apprécié le maintien des relations commerciales (notamment la venue des responsables bourguignons au Japon) et les gestes de générosité qui ont été réalisés. La maison Bichot a la première pris l'initiative de ventes aux enchères au profit de la Croix Rouge Japonaise (pour en savoir plus, cliquer ici) et de nombreuses autres actions ont suivi. La plus importante a été l'opération collective organisée par l'association Mosaïque Bourgogne Internationale.
Le BIVB y a d'ailleurs pris part, aidant à réunir les dons de vignerons, soit 23 000 bouteilles récoltées. Trois sessions de ventes ont été nécessaires pour vendre les lots. La première se déroulait sur internet, les internautes achetant à l'aveugle des lots inconnus (21 000 € récoltés). Deux ventes aux enchères traditionnelles se sont ensuite tenues à Paris en septembre 2011, la première au Bristol (21 000 €) et la seconde chez Christie’s, pour sa vente de rentrée (75 130 €). Début février 2012, le BIVB a remis le chèque de dons à Ichio Komatsu (ambassadeur du Japon), pour qu'il le transmette à la Croix Rouge Japonaise afin de venir en aide aux plus démunis.
* : actuellement 1 yen = 0,009 €.
