n février dernier, la filière a appris l'autorisation de l'acidification des vins par traitement électro-membranaire et les projet de l'entreprise Oenodia en la matière (pour relire notre brève, cliquez ici). A quelques jours du salon SITEVI à Montpellier, Oenodia a organisé une conférence de presse à Paris pour présenter son matériel.
« Cette innovation marquera l’œnologie », a déclaré Jean-Louis Escudier, directeur de l’unité expérimentale de Pech Rouge de l’INRA, à propos des technologies membranaires de la société Oenodia, créée il y a un an par le groupe Eurodia, filiale du groupe japonais de production de membranes Tokuyama. Si le nom Oenodia est récent, l’INRA et Eurodia travaillent cependant depuis vingt ans à la mise au point de ces technologies.
Les principales utilisations sont l’ajustement des PH et la désalcoolisation. Le premier procédé permet d’éviter l’ajout d’acide, en faisant baisser le pH par électrodialyse (soustraction des ions K+) dans une proportion de 0,1 à 0,5, ce qui facilite beaucoup le travail en cave (stabilisation de l’activité bactérienne, réduction importante des doses de soufre). Le deuxième associe d’abord l’osmose inverse (extraction d’un perméat d’eau et d’alcool), puis la membrane, qui extrait l’alcool du perméat, ensuite réintégré au vin. Selon Yannick Le Gratiet, responsable d’Oenodia, le procédé est à réserver à des ajustements de degré d’alcool (de 15 à 13° par exemple), et à la production de vins à degré réduit (9°), mais n’est pas adapté pour la production de vins à sans alcool.
Les coûts sont les mêmes pour les deux méthodes : en prestation de service, 5€/hl, avec une capacité de traitement de 1500 à 6000 litres/heure (soit 1000 à 1200 hl/jour). Quand les machines sont installées, elles ont un prix de revient de 1,1€/hl (dont 0,3€ d’amortissements de l’investissement). Les machines ont un coût de 100 000 € pour une capacité de 15 hl/heure, 200 000 € pour 60 hl/h et 400 000 € pour 120 hl/h. Oenodia revendique soixante clients en France, dont cinquante ayant installé une machine (pour des volumes allant de 30 à 60 hl/h), et affirme que ses techniciens ont une capacité d’intervention dans la journée dans toute l’Europe.
Les membranes des machines sont pour l’heure toujours issues du pétrole ; Oenodia n'en insiste pas moins sur le côté « naturel », car physiques et non chimiques, donc sans intrants, de ses procédés.
[ Photo : une unité mobile Oenodia, ©Oenodia ]