L'art du pépiniériste viticole en vidéo

Une fois greffés, les plants sont mis dans des caisses de stratification où ils vont être maintenus pendant environ deux semaines dans une chambre obscure, chaude 25 à 30 °C et humide. « La chaleur va éveiller le porte-greffe. La sève monte et lorsqu’elle arrive au niveau du point de greffe, elle va colmater la cicatrice formant un cal », explique Giovanni Varelli, le président de Vitipep's, la marque label de la pépinière viticole française. Lors de cette étape, la surveillance est quotidienne. Chaque pépiniériste a sa recette : caisse bois ou plastique remplie de sciure, de sable, de tourbe ou d’eau. « le mode de stratification n’a pas d’influence. C’est la variété du porte-greffe qui joue le plus sur la durée de la calogenèse », rapporte Anastasia Rocque, directrice du centre de sélection de la vigne à l’IFV. L’opération terminée, les plants sont décaissés et triés. Ils sont reparaffinés pour protéger le cal. « Nous avons testé différentes cires plus ou moins épaisses et plus ou moins grasses et vu que cela pouvait avoir un effet sur la qualité des plants », précise Anastasia Rocque sans donner plus de détails. Autre observation de l’IFV : la manière dont sont conservés les plants entre la sortie de stratification et la plantation a aussi un impact sur les taux de reprise. « Il semblerait que la conservation au froid serait bénéfique. Mais cela reste à confirmer », note Anastasia Rocque.

Une fois acclimatés, les plants sont mis en pépinières en avril/mai. "On les met en terre, dès que les premières petites racines sortent, dans des terrains sableux situés sur les bords de Loire qui se réchauffent vite et qui sont drainants pour éviter tout excès d'humidité", explique Guillaume Careil, des pépinières Viaud, basée aux Garennes-sur-Loire, dans le Maine-et-Loire. Les sols ont été travaillés au préalable afin de les réchauffer et obtenir une terre fine et aérée. Les pépiniéristes ont formé des buttes qu’ils ont recouvert d’un paillage sous lequel ils ont installé des gouttes à goutte. Les plants sont mis en terre à la main à très haute densité (environ 250 000 à 300 000 pieds/ha). Chaque lot est séparé et étiqueté. Les conditions météo dans les trois semaines à un mois qui suivent la plantation sont déterminantes. "Une année froide et humide sera très pénalisante et pourra engendrer des pertes de 5 à 30 % selon le porte-greffe et l'assemblage", indique Guillaume Careil.

Durant toute la saison les plants sont arrosés, binés pour éviter le développement des mauvaises herbes, rognés et protégés par des traitements réguliers pour lutter contre les maladies et la cicadelle de la flavescence dorée. "Les plants sont particulièrement sensibles au mildiou de par leur effet buissonnant, le fait qu'ils se situent au ras du sol et qu'ils ont développé de jeunes pousses. On assure une couverture sans faille même en l'absence de pluie car la moindre rosée peut provoquer des contaminations", précise Guillaume Careil. En 2026, l’IFV va mener des essais pour voir comment améliorer la qualité de la pulvé sur les appareils classiques et tester la pulvérisation avec des robots. Les pépiniéristes retirent aussi les repousses de porte-greffes et opèrent des contrôles ampélographiques pour vérifier la pureté variétale.